Au collège de Marcillat-en-Combraille, la sonnerie retentit. Il est 16 heures. Et les élèves se rendent un à un, par classe, à l’accueil de l’établissement. Une membre de la vie scolaire ouvre une première valise, jusque-là rangée dans une armoire fermée à double tour.
« Quel numéro ? », demande-t-elle à un collégien. « Sept », lance-t-il, pressé de récupérer son téléphone portable rangé depuis le matin dans un des multiples compartiments. La surveillante lui tend son bien, marquant la fin de la « pause numérique ». L’adolescent file vers le portail de l’établissement.
Des portables rangés toute la journée dans des valisesLe balai se poursuit ainsi pendant quelques minutes, jusqu’à ce que toutes les valises soient vides.Les collégiens retrouvent leur téléphone à la fin des cours. © SALESSE Florian
« Nous avions un peu peur que cela soit chronophage de récupérer les portables chaque matin et de les redonner le soir, mais ce n’est pas le cas », souligne Marielle Anthoine, principale de l’établissement.
Le collège de Marcillat-en-Combraille s’est porté volontaire à la rentrée scolaire pour expérimenter la « pause numérique ». Il est l’un des quelque 200 établissements pilotes en France, et le seul dans le département de l’Allier.
Une expérimentation dans le plus petit collège de l'Allier« Nous avons 100 élèves. Et pour l’instant - nous avons vraiment commencé l’expérimentation lundi 7 octobre -, nous avons entre 25 et 28 élèves qui déposent leur téléphone portable pour la journée. Ce qui représente un quart des élèves. »
Pour cette expérimentation, le Conseil départemental de l’Allier a ainsi financé l’achat de six valises (d’un montant de 60 euros chacune) : une pour chaque classe et une pour les élèves externes.Chaque matin, les élèves déposent dans les valises leur téléphone. © SALESSE Florian
« Concrètement, comment cela se passe ? Le matin, les professeurs prennent les valises correspondant à leur première classe de la journée. Lorsqu’ils font l’appel, les élèves [sur la base de leur bonne foi, NDLR.] sont invités à mettre leur téléphone portable dans la valise. »
Les valises sont ensuite récupérées par la vie scolaire et placées pour le reste de la journée dans une armoire sécurisée.
Des portables déjà interditsDe quoi représenter un changement radical pour les élèves ? Pas vraiment. « L’utilisation des téléphones portables était déjà interdite. Les téléphones devaient être au fond du sac et éteints. » L’établissement ne connaissait d’ailleurs pas vraiment de problématique majeure.
« L’année dernière, nous avons dû, sur toute l’année scolaire, en confisquer deux. Mais là, avec la pause numérique, on sait que les élèves ne pourront pas sortir leur téléphone pendant les temps de récréation, la pause méridienne, ou même quand ils vont aux toilettes. Ils ne pourront pas faire de selfies ou aller sur les réseaux… »
Chaque jour, les téléphones sont rangés dans des valises avec différents compartiments. © SALESSE Florian
Christian Chito, conseiller départemental du canton, se félicite ainsi de cette expérimentation dans la commune où il a été maire de nombreuses années : « Le numérique occupe l’espace aujourd’hui. Mais l’idée est de couper quelques heures dans le cadre scolaire pour permettre aux élèves de se concentrer complètement, d’être plus attentifs. Cela peut permettre également de lutter contre le cyberharcèlement. Nous verrons si d’autres établissements sont intéressés pour participer. »
Le collège de Marcillat prévoit, lui, de faire un premier bilan de l’expérimentation en décembre prochain.
Texte : Laura Morel
Photos : Florian Salesse
