De l’Oasis saveur pêche abricot, des gâteaux apéro Monaco de Belin, du bouillon de légumes Knorr, des céréales Extra de Kellog’s, des soupes Royco ou encore des biscottes Heudebert aux six céréales... Le point commun de ces produits?? Tous contiennent de l’huile de palme.
L’huile de palme, on la connaissait dans la pâte à tartiner ou dans les biscuits chocolatés… Et on avait appris à la déceler. Il y a quelques jours, l’ONG Foodwatch est venue rappeler les consommateurs à la vigilance. « Il y a encore trop d’huile de palme, et surtout dans des produits dans lesquels on ne s’attend pas à en trouver, pointe Audrey Morice, chargée de campagnes pour l’organisation. Les consommateurs ne s’attendent pas à en trouver là donc ils sont moins vigilants et ils ne vont pas aller lire les étiquettes. Il nous semblait important de pointer ces pratiques. »
Des produits alternatifs existent, sans huile de palmeLa semaine dernière, l’organisation de défense des consommateurs a ainsi lancé une action d’interpellation envers l’industrie agroalimentaire qui, selon elle, « ne fait pas encore suffisamment le choix des alternatives », en ciblant une dizaine de produits, et en citant nommément les acteurs qui en sont à l’origine.
« Notre objectif n’est pas d’être exhaustif mais plutôt de pointer des pratiques, de mettre les industriels devant le fait accompli en les exposant à la pression citoyenne pour les obliger à changer »
Des industriels qui, très régulièrement, assurent ne pas pouvoir retirer l’huile de palme de leurs recettes. Sauf qu’en parcourant les rayons des supermarchés pour trouver les dix produits incriminés, Foodwatch a également réussi à dénicher pour chacun d’entre eux une alternative certifiée sans huile de palme.
La recherche du profit avant tout« La mobilisation de plusieurs associations, en 2019, pointant la présence d’huile de palme dans les produits a forcé les industriels à reformuler leurs recettes et à se positionner sur des critères de durabilité. Nous n’aurions pas pu faire cette enquête il y a quelques années car il n’existait pas autant d’alternatives », reconnaît la chargée de campagnes de l’ONG, qui met aussi en avant le rôle des consommateurs, de plus en plus vigilants. Les principales enseignes de la grande distribution, par le biais de leurs marques propres, ont notamment fait d’importants efforts. Mais s’il reste de très faibles exemples pour lesquels le remplacement de l’huile de palme nuirait à la qualité du produit (texture, croquant…), c’est avant tout la recherche de profits qui pousse encore certains fabricants à choisir l’option la moins onéreuse.
Qu'est-ce qui se cache derrière la "shrinkflation", cette inflation dissimulée ?
Un produit mauvais pour la planète et pour notre santéUn argument qui se fait au détriment de l’écologie et de la santé du consommateur. « L’huile de palme est une monoculture intensive à grande échelle qui génère la suppression de millions d’hectares de forêts tropicales, une destruction des sols, la pollution de l’atmosphère, le déplacement de populations…, rappelle Audrey Morice. Sa présence dans les produits a aussi des conséquences sur notre santé car elle est très riche en acides gras saturés. »
Si des améliorations ont été observées, le chemin est encore long quand on sait que l’Union européenne, selon Foodwatch, reste le second importateur d’huile de palme dans le monde. « Tant qu’il y en aura, on continuera à mettre la pression pour qu’il y ait des changements dans les rayons car si la demande diminue, l’industrie alimentaire sera obligée de s’adapter », veut croire la représentante de l’ONG européenne.
« Sauvages » au cinéma. L’ONG Foodwatch est partenaire du film d’animations « Sauvages », réalisé par Claude Barras (« Ma vie de courgette »), et qui entend sensibiliser à cette question de la déforestation pour la production d’huile de palme. Sortie le 16 octobre.
Maxime Escot