L’affaire est hors norme. Le procès qui en découlera à Châteauroux à partir du lundi 14 octobre, aussi.
Le 27 septembre dernier, la cellule investigation de Radio France a révélé que plusieurs familles, ne disposant d’aucun agrément nécessaire pour exercer l’activité d’assistante familiale, ont hébergé durant sept ans des dizaines de mineurs qui racontent avoir vécu un calvaire.
Des enfants confiés par l'aide sociale à l'enfance (ASE) du Nord, gérée par le Conseil départemental, à une soi-disant structure dénommée « Enfance et Bien-être » contre une indemnité de 630.000 €, qui prétendait ensuite chapeauter la gestion de ces placements. « Enfance et Bien-être » était en réalité gérée par deux organisateurs dont l'un avait déjà été condamné par le passé à un an de prison de présumés viols et agressions sexuelles sur ses filles.
Violences, humiliations... des récits glaçantsL’enquête précise que l’affaire éclate en septembre 2017 lorsque Mathias, alors âgé de 15 ans, débarque au CHU de Limoges gravement blessé. L’adolescent tombe dans le coma pendant une semaine. À son réveil, il demande protection auprès de l’équipe médicale et dit avoir subi des violences de la part de l’homme qui se présente comme son « tuteur ». Un signalement au procureur de la République est fait, et les investigations mettront en lumière des actes de violence sur de nombreux adolescents, dont Mathias, qui racontent l’enfer qu’ils auraient subi dans ces « familles d’accueil illégales ». Strangulations, coups de poing, surdosage médicamenteux des enfants, et près de 630.000 € qui échappent au fisc. Des méthodes terrifiantes alors que des signalements étaient pourtant remontés à la hiérarchie de l’ASE du Nord.
De ce lundi 14 au vendredi 18 octobre, 19 personnes seront jugées pour « graves maltraitances » sur une vingtaine d’enfants qu’ils ont hébergés entre 2010 et 2017 dans l’Indre, la Creuse et la Haute-Vienne.
« Une affaire hallucinante »Alors que le procès se tiendra devant le tribunal correctionnel de Châteauroux, l’association nationale Innocence en danger a lancé un appel à témoins pour retrouver des victimes de ce vaste réseau illégal.
Pour ce procès, rares sont les victimes identifiées à s’être portées parties civiles.
L’association Innocence en danger, partie civile dans ce procès, appelle donc toute personne ayant été victime, ou ayant connaissance de ces faits, à témoigner ouvertement pour faire avancer la procédure. Gulsen Yildrim, vice-présidente du Département en Haute-Vienne, martèle que « le Département n’a aucun lien avec cette affaire. Ces enfants étaient sous la responsabilité du Département du Nord. Jamais, nous n'avons pas été contactés par le conseil départemental du Nord. Nous n’avons aucune idée sur la manière dont ces enfants ont été confiés à ces “pseudos assistants familiaux”. Ce qui est terrible, c’est que ces enfants ont subi des violences. C’est une affaire hallucinante que nous avons apprise dans la presse. On va suivre ce procès, comme beaucoup en France, avec attention ».