Né en 2015, le projet AP3C, pour « Adaptation des pratiques culturales au changement climatique », a pour finalité de faire évoluer les systèmes agricoles afin qu’ils soient plus résilients face au changement climatique. Il est animé par le Service interdépartemental pour l’animation du Massif central (Sidam), et unit les chambres d’agriculture de onze départements et un climatologue, Vincent Cailliez, qui analyse trente ans de données collectées par Météo-France.
Avec les chambres d'agriculture de l'Allier, de l'Aveyron, du Cantal, de la Corrèze, de la Creuse, de la Haute-Loire, de la Haute-Vienne, de la Loire, du Lot, de la Lozère et du Puy-de-Dôme.
En utilisant ces données locales et en créant des projections, les équipes obtiennent une analyse fine et localisée du changement climatique. Or, ces résultats n’éclairent pas seulement le monde agricole, comme en a témoigné Bruno Valladier, vice-président du Grand Clermont en charge de l’élaboration du prochain Schéma de cohérence territoriale (SCoT), lors d’un colloque organisé par les équipes d’AP3C.
Quel est le lien entre AP3C et le Puy-de-Dôme ?
Le projet AP3C a créé ses propres projections climatiques en s’appuyant sur un réseau d’une centaine de stations météorologiques à travers le Massif central, dont cinq dans le Puy-de-Dôme : Ambert, Besse, Clermont-Ferrand, Saint-Genès-Champanelle et Saint-Gervais-d’Auvergne.
En synthèse, d’ici à 2050, les travaux de récoltes comme le démarrage de la végétation seront de plus en plus précoces, le nombre de jours très chauds augmentera et les premières gelées d’automne seront plus tardives dans le département.
Ces résultats sont produits dans l’hypothèse, « très modérée et conservatrice », de non-accélération de l’évolution climatique en cours depuis 1980.
Qu’apportent ces données aux élus ?
Les projections et cartes mises au point par les équipes d’AP3C sont utilisées par les élus en charge d’élaborer le prochain Schéma de cohérence territoriale. Représentant 500.000 habitants sur le Grand Clermont, ce SCoT doit faire émerger une vision à long terme « pour amener l’ensemble de notre population dans des conditions acceptables de survie », résume Bruno Valladier.
Ce SCoT entre dans sa deuxième version, le premier étant arrivé à échéance.
Le SCoT précédent cherchait à attirer le plus de population possible sur le territoire du Grand Clermont, ce qui a été bien respecté. Maintenant, le risque est de se dire est-ce que c’est l’attractivité qui prime ou est-ce que c’est la sobriété, l’habitabilité du territoire ?
La commission SCoT, qui représente les élus du Grand Clermont, a fait le choix de se diriger vers plus de sobriété et plus d’habitabilité, « et de tenir compte de la qualité de vie au sein de notre territoire, de la qualité de la nutrition de l’apport alimentaire, de l’apport en eau, de l’apport en travail, de l’apport en espace de vie, de l’apport en santé mentale ».
Comment trouver le bon équilibre ?
Certains territoires puydômois souhaitent développer l’industrie, d’autres le tourisme, d’autres encore le commerce… Or, il va falloir trouver un compromis.
« C’est là que Vincent Cailliez nous a apporté cet éclairage, en disant que le climat est forcément une des composantes majeures de ce qui se passe sur le Grand Clermont, à la fois pour y vivre, mais aussi éventuellement pour accueillir des migrations nationales ou internationales de zones qui deviennent inhabitables », dit Bruno Valladier.
L’idée est bien de se projeter avec une population différente et des ressources différentes d’ici vingt-cinq ans. Il va falloir qu’on soit suffisamment souple, qu’on s’adapte en permanence et pour les quatre cents ou cinq cents prochaines années.
Comment gérer eau, sols et autres ressources ?
L’eau sera notamment un critère clé dans le futur SCoT. Au-delà d’AP3C, les élus en charge de son élaboration ont rencontré les équipes de la chambre d’agriculture, travaillent avec le Sage Allier, etc., afin de voir comment se répartir la ressource eau. Ils réfléchissent également à l’aménagement du territoire et à la Zéro artificialisation nette, inscrite dans la loi.
« On a encore de grands espaces de vie sur le Grand Clermont, dans lequel on peut trouver une voie de passage par l’aménagement des friches pour le commerce ou pour l’industrie, et la déclinaison du SCoT au sein des plans locaux d’urbanisme intercommunaux, avec d’énormes zones réservées à l’agriculture et des zones absolument inconstructives. »
Les élus travaillent aussi beaucoup avec les Plans alimentaires territoriaux. « On essaye d’ouvrir la porte aussi avec la Safer, de façon à favoriser l’installation, en essayant de favoriser l’installation du maraîchage pour essayer, dans le cadre de ce Plan alimentaire territorial, de pouvoir nourrir en proximité les habitants du Grand Clermont », note le vice-président.
Le Grand Clermont, kézako ? Le Grand Clermont est à la fois un syndicat mixte et un pôle d’équilibre territorial et rural. Il regroupe 104 communes et 4 établissements publics de coopération intercommunale : Clermont Auvergne Métropole, Riom Limagne et Volcans, Billom Communauté et Mond’Arverne Communauté, soit près de 500.000 habitants.
Ces déplacements produisent de facto « énormément de gaz à effet de serre, beaucoup de consommation de produits pétroliers. Donc vraiment, ce sont des choses qu’on doit corriger à l’avenir. On va travailler sur l’armature territoriale de façon à dire comment on va pouvoir se déplacer au sein de ce territoire. Est-ce que tous ces déplacements sont utiles ? Est-ce qu’il faut les modifier ? Interviennent là-dedans le télétravail, un certain nombre de choses qui vont permettre à la population d’avoir une meilleure qualité de vie plutôt que de passer son temps dans de l’auto-solisme. »
Gaëlle Chazal