Il n’est pas le trois-quarts aile le plus costaud du Top 14, il est même assez loin des canons de beauté fidjiens qui déboulent tous les week-ends dans leurs couloirs, ou ailleurs sur le terrain. Bautista Delguy, c’est plutôt un joueur « monté fin », à peine plus de 80 kilos, un physique modeste qu’il compense par une grinta de tous les instants.
Bautista Delguy, qui retrouvait ses petits copains de l’ASM après un été international bien rempli, c’est aussi, et surtout, une efficacité exceptionnelle. Depuis son arrivée en Auvergne, à l’été 2022, le finisseur argentin a inscrit 22 essais en 44 matchs, soit une moyenne de 0,5 essai par match ; presque aussi bien que son partenaire et « serial scoreur » Alivereti Raka : 87 essais en 155 matchs (0,56 de moyenne).
Bautista Delguy, 22 essais inscrits en 44 matchs« Oui, oui, j’aime bien toucher le ballon », sourit le trois-quarts aile. Après avoir marqué un essai, on l’a vu dimanche face à Toulon dans un autre registre aussi. Celui de la chasse en défense sur le jeu au pied de pression de son pote Benjamin Urdapilleta, quand il pousse Enzo Hervé en touche dans les 22 mètres toulonnais pour obtenir une munition en zone de marque.
« C’est le rôle de l’ailier de monter fort, de courir vite, de se déplacer pour mettre la pression. S’il faut le faire pour l’équipe, je le fais, c’est mon job, mais je n’aime pas ça, je préfère avoir la balle dans les mains », précise quand même Delguy.
Sous la pluie dense et continuelle de dimanche dernier, les ailiers de cette rencontre n’étaient pourtant pas forcément à la noce. « C’était compliqué oui, mais il faut s’adapter aux conditions. En première mi-temps, on a beaucoup trop contre-attaqué. Je pense que notre jeu était meilleur en seconde. Mais c’était difficile de jouer à la main. On est une équipe qui aime jouer les ballons, avoir de bons lancements mais dimanche, il a fallu s’adapter à la pluie. »
Cinq tests cet été avec les PumasBautista Delguy, à l’instar de son compère Marcos Kremer (revenu blessé à un genou), a raté le début de saison avec Clermont. Sans coupure aucune cet été, il a enchaîné les tests de juillet face à la France, puis le Rugby Championship. Il a joué face aux Blacks, les Springboks et les Australiens et participé ainsi au bon parcours des Pumas.
Le trois-quarts aile clermontois aura-t-il droit à des congés ? Pour l’heure, rien n’est acté, sachant qu’il n’y a pas de convention entre le Top 14 et la sélection argentine. En novembre, Delguy pourrait même être rappelé par la sélection pour affronter l’Italie, l’Irlande et la France. L’impression de cadences infernales ne l’effraie pas.
« Je ne me sens pas fatigué, j’ai envie de jouer. Dimanche, ça m’a fait du bien de retrouver le stade, les supporters, l’équipe… L’important pour moi est d’être très bien physiquement et mentalement. Et là, c’est le cas. »
En juin 2025, son contrat avec l’ASM arrive à son terme. Le club voudra-t-il le prolonger ? Lui, en tout cas, en exprime la volonté. « Je veux rester ici. Je me sens très bien à Clermont, avec le groupe, le staff, la ville. J’ai été six mois joker médical à l’UBB, j’ai joué une saison à l’USAP et j’attaque ma troisième à l’ASM. C’est ici que j’aimerais continuer à jouer. »
Christophe Buron