Une nouvelle présidente et deux juges viennent étoffer le tribunal judiciaire de Guéret

Dans le réquisitoire qui a ouvert cette audience solennelle de rentrée, la procureure Alexandra Péthieu a souligné combien « l’arrivée d’un nouveau chef de juridiction est un événement très important dans la vie de cette communauté de travail que représente une juridiction. Un évènement qui a réuni, salle Bouchardon, toutes les autorités civiles, judiciaires et militaires que compte la Creuse, venues accueillir la nouvelle présidente du tribunal de Guéret.

Élodie Bouteloup remplace ainsi Michaël Humbert. Installé en septembre 2021, ce dernier a rejoint le 2 septembre la Cour d’appel de Paris en tant que conseiller en charge de l’une des nombreuses Cour d’Assises. La procureure lui a rendu hommage, soulignant combien « il a conduit pendant trois ans ce tribunal avec brio, enthousiasme, fougue », évoquant « un magistrat avec un grand M », qui laisse « la marque d’une personnalité riche, forte et appréciée de tous et de toutes ».De gauche à droite : Delphine Pastor-Martinez, substitute du procureur, Pierre-Arnaud Claverie, juge, Élodie Bouteloup, présidente du tribunal, Solène Laigre, juge, Natacha Walczyk-Marie, greffière, ont rejoint la juridiction de Guéret.

Mêmes compliments de la part du vice-président du tribunal, Patrice Deyrat, qui garde « le souvenir d’un président aux qualités humaines incontestables, qui a porté haut les valeurs de l’institution judiciaire et qui a animé la juridiction guérétoise avec une énergie inépuisable ».

Des qualités qui semblent ne pas manquer à sa successeure, Élodie Bouteloup, dont la procureure a vanté la « grande polyvalence dans la magistrature », la « connaissance pointue de nombreux contentieux » et l’« impression de force tranquille » qu’elle dégage. « Nous avons déjà été sensibles à la sérénité, à la disponibilité et à l’écoute dont vous avez fait preuve depuis votre arrivée », l’a secondée le vice-président.

Originaire de Provence, Élodie Bouteloup a grandi en région parisienne. Dans sa jeunesse, elle aspire à être juge des enfants, ce qu’elle devient en 2012, à Nantes. Après le concours de l’École nationale de la magistrature en 2004, elle exerce quelques années en tant qu’auditrice de justice au tribunal de grande instance de Senlis avant de devenir substitute du procureur à Beauvais en 2006, puis, en 2009, au tribunal de grande instance de Pontoise.Elodie Bouteloup, nouvelle présidente du tribunal judiciaire de Guéret.

De 2015 à 2018, la magistrate est vice-procureure près le tribunal de grande instance de Saint-Nazaire, puis, dès 2019, près du tribunal judiciaire de Vannes et enfin de Limoges en 2020. Patrice Deyrat a loué « la diversité des fonctions » qu’Élodie Bouteloup a occupées, « au siège comme au parquet », « la richesse de [ses] expériences dans des juridictions totalement différentes » et l’« engagement permanent » de cette mère de trois enfants.

Désormais installée à ses côtés, la nouvelle présidente a longuement remercié « tous ceux qui [l]’ont soutenue », notamment ses anciens chefs de juridiction, dont deux étaient présentes mardi (la présidente du tribunal judiciaire de Limoges et l’ancienne procureure de Saint-Nazaire) et anciens collègues. « Elles ont cru en moi en me donnant des postes à responsabilité et ont su planter la petite graine qui a germé et grandit ensuite grâce au soutien sans faille de mon conjoint », lui-même procureur de Tulle.

« Après un mois passé dans ce département et dans ce tribunal, je mesure encore davantage la chance qui est la mienne », confiait Élodie Bouteloup, ne manquant pas de souligner « le dynamisme et l’engagement » de tous les acteurs de la juridiction mais aussi « la qualité des relations » entre les entités, citant celles qui lient la protection judiciaire de la jeunesse et le tribunal pour enfants ou encore le service d’application des peines, le service pénitentiaire d’insertion et de probation et la maison d’arrêt de Guéret, entre les tribunaux.

Sur le plan pénal, elle apprécie le « point d’honneur » « à favoriser la réinsertion, les alternatives à l’incarcération et les aménagements de peines avec une implication très importante des communes dans les lieux d’habilitation de travail d’intérêt général ». Elle a assuré de sa volonté « de faire perdurer la qualité de ces liens et de toujours favoriser la recherche de position et de priorité d’action commune dans le respect de la place de chacun ».

Élodie Bouteloup a également insisté sur le plaisir « de pouvoir œuvrer au cœur d’un département aussi riche et fécond ». « Quand on évoque la Creuse auprès de gens extérieurs à ce département, il est souvent mis en avant sa désertification progressive et sa pauvreté. Pour ma part, sans méconnaître cette réalité, j’avais déjà en partie conscience avant de prendre mes fonctions, de votre richesse patrimoniale au travers de vos paysages remarquables mais aussi de la richesse de vos valeurs étant issue moi-même du monde rural, petite-fille et arrière-petite-fille d’agriculteur ». Elodie Bouteloup, présidente du tribunal judiciaire de Guéret.

La présidente a promis « disponibilité », « écoute » et « engagement » et sera « particulièrement attentive à la qualité de la justice rendue pour nos concitoyens comme à sa bonne compréhension. Je suis en effet convaincue que l’institution judiciaire doit s’ouvrir davantage sur la cité et je continuerai à cet égard le travail de communication entrepris par Monsieur Humbert », a-t-elle ajouté.

Élodie Bouteloup entend « pleinement investir » son rôle de présidente du Conseil départemental de l’accès au droit (CDAD), « pour promouvoir l’accès aux droits dans ce département rural ». Elle se déplacera sur tout le territoire pour mieux en connaître « le maillage », « les particularités locales » et « le fonctionnement de l’institution judiciaire » et a annoncé sa présence à Bonnat ce vendredi à l’occasion des Portes ouvertes des maisons France Services.

Comment juge-t-on la violence en Creuse ?

La nouvelle présidente de la juridiction devra bien sûr faire face « à plusieurs défis » : les travaux de restructuration du tribunal dans un site occupé, le basculement au tout numérique et le maintien de délais raisonnables de traitement des affaires pénales. 

Delphine Pastor-Martinez rejoint le tribunal de Guéret comme substitute du procureur. Passée de la direction des ressources humaines dans le secteur de la grande distribution à la magistrature, Delphine Pastor-Martinez s’impose comme « une sorte de couteau suisse juridique », souriait la procureure Alexandra Péthieu en la présentant. « Vous étiez  en charge de quasiment tous les sujets, du droit social aux baux commer-ciaux, en passant par le droit des contrats à la sphère bancaire ». Delphine Pastor-Munoz, substitute du procureur.

Un parcours professionnel varié, gage, pour la procureure, « de bonne intégration dans notre institution ». Avec des attaches familiales à Bordeaux, la nouvelle substitut du procureur, mère de trois enfants,  a choisi la Creuse pour faire ses premières armes. Elle sera en charge du contentieux des atteintes aux personnes, dont les violences intrafamiliales et des mineurs, auteurs ou victimes, « sujet de préoccupation absolue  de nos décideurs et du législateur », a souligné Alexandra Péthieu.

Une équipe désormais au complet avec son arrivée aux côtés de Lydie Warolin, vice-procureure et de la procureure de la République. 

Deux nouveaux magistrats ont également rejoint le tribunal de Guéret. La présidente Bouteloup accueille leur nomination avec enthousiasme, soulignant « les problèmes de sous-effectifs importants et chroniques » des juridictions dont celle de Guéret. « Il conviendra de persévérer, puisqu’à ce jour, sur un effectif de huit magistrats du siège, nous sommes six, et qu’il nous manque encore un vice-président en charge des contentieux de la protection et un juge des libertés et de la détention », a-t-elle détaillé.

Se destinant au départ au notariat, Pierre-Arnaud Claverie a finalement opté pour la magistrature. Ce juge aura pour charge principale celle des tutelles majeures et du surendettement et préside la moitié des audiences correctionnelles à juge unique. Il remplace Karine Bocs, attaché désormais au tribunal de Limoges.Pierre-Arnaud Claverie, juge.

La juge Solène Laigre aura en charge une partie du contentieux de la famille, des tutelles mineures, le service contraventionnel et le pôle social. Après un master de droit pénal et de procédure pénale, elle a exercé en qualité de greffière au tribunal judiciaire d’Évry pendant dix ans avant de rejoindre le tribunal de Guéret.Solène Laigre, juge. 

Natacha Walczyk-Marie a également rejoint le tribunal de Guéret en qualité de greffière en mars dernier après un parcours professionnel riche, passée de l’éducation nationale (surveillante, conseillère principale d’éducation puis adjointe au chef d’établissement) et l’étranger (Danemark, Lituanie et Cambodge), elle a finalement choisi la voie d’officier de justice. Et la Creuse, « pour [se] mettre au vert et profiter d’une qualité de vie certaine ».Natacha Walczyk-Marie, greffière. 

Tous vont apporter au tribunal « du sang neuf », a souligné Alexandra Péthieu, « votre force de travail, des idées nouvelles certainement, et je l’espère, votre enthousiasme ».

Texte : Julie Ho Hoajulie.hohoa@centrefrance.comPhotos : Bruno Barlier