Pour Didier Paqueriaud, maire, depuis 2020, de Bessay-sur-Allier (1.380 habitants, quinze agents), la mission est dévorante, au détriment de la vie de famille.
Mais elle est aussi « tellement intéressante » !
Pas qu’il n’ait pas été au courant, car au conseil depuis 2008 et premier adjoint depuis 2014. Le « deal », c’était de devenir maire une fois en retraite. Mais il a fait du rab au boulot et a l’impression de ne jamais avoir fait de pause, à 65 ans.
Depuis 2020, il y a eu aussi de nombreux écueils : le Covid et l’inflation.
« Quand on vient du privé, on trouve que tout est très long »Et, malgré tout, cette envie d’augmenter l’attractivité de Bessay via un contrat de revitalisation du centre-bourg :
« On a vite eu un projet ambitieux, parce qu’on réfléchit en cohérence d’ensemble. Une nouvelle boulangerie, une crèche, des logements sociaux avec Évoléa, des terrains à bâtir avec Assemblia, la rénovation des écoles et la renaturation des cours… Et dans le même temps, on apprend la fermeture d’une classe ! On se sent alors impuissants. On a aussi la déviation de la RN 7… Quand on vient du privé, on trouve que tout est très long. Cela fonctionne en “silos” étanches avec des dates butoirs compliquées, des financeurs et des règles différentes, c’est une gymnastique pour obtenir un reste à charge le plus faible possible ».
Il a un rêve : « Un guichet unique pour tous les dossiers de subventions. Ça part au Département et puis ça fait le tour ! ».
L’édile rend hommage à l’ancien maire, aux secrétaires, aux adjoints et aux conseillers : « Sans eux, et si je travaillais à temps plein, je ne sais pas comment je ferai ».
« Y’a moins de pognon ! »André Berthon, maire de Target (254 habitants) depuis sept mandats est philosophe : « C’est vrai que les subventions, c’est plus compliqué qu’avant. Y’a moins de pognon ! Alors si ce n’est pas cette année, ce sera la suivante ». Idem pour la paperasse : « L’informatique devait nous libérer du papier, je crois bien que c’est l’inverse », s’amuse-t-il.
André Berthon ne se représentera pas en 2026 :
« J’ai 79 ans ! » Il a toute confiance en son premier adjoint et ses conseillers « qui ont suffisamment de connaissances, qui savent aborder les gens, qui connaissent les dossiers et la commune par cœur ».
Un baptême du feu : remembrement et autorouteCe retraité agricole compte quarante ans de mairie :
« Je n’ai jamais eu de gros problèmes. Il faut essayer d’être conciliant et informer. Aucun de mes conseillers n’a jamais démissionné, c’est une de mes plus grandes fiertés. Les dossiers, on les étudie ensemble. Le maire est là pour faire appliquer ce que le conseil a décidé, même contre sa volonté. Honnêtement, la reprise du bar épicerie de la commune, je n’y croyais guère. Mais on a eu des candidats très valables. On peut se tromper ».
Son baptême du feu, il l’a connu jeunot : « On disait qu’un maire qui résiste au remembrement est indéboulonnable ! Parce que ce sont des conflits. À la fin des années 1980, on a eu gros de travaux, le tracé de l’A71 qui passait au milieu de la commune. On a fait en sorte que les agriculteurs ne perdent pas trop de surface ».
Mathilde Duchatelle