C’est le « préféré » de Mathieu Béringuier, le Monsieur arbres de la Ville de Brive (Corrèze), et on comprend pourquoi en prenant le temps de l’admirer. C’est vrai qu’il en impose, le platane du jardin de l’Hôtel de ville avec son tronc dont le diamètre avoisine les deux mètres.
Difficile de lui donner précisément un âge, mais l’agent municipal estime qu’il a « au minimum deux cents ans ». Et si son tronc est désormais totalement creux, il est toujours bien vivant.
Où trouver les six arbres remarquables de la ville de Brive ?
« Une chance d'avoir ces arbres en centre-ville »Avec le cèdre de l’Himalaya de la cour du centre de l’enfance, place du Civoire, l’allée centrale de platanes de la Guierle et ceux du bas de l’avenue Alsace-Lorraine, en face du parking Churchill, il fait partie des arbres que le Service des espaces verts a fait découvrir lors d’une visite dans le cadre de la Semaine européenne du développement durable.
L’occasion pour Mathieu Béringuier et Frédéric Buisson, le chef du service en question, de mettre en avant « la chance qu’on a d’avoir ces arbres en centre-ville ». « Ces arbres font partie du patrimoine de la ville et comme nos beaux bâtiments, il faut les protéger. Un platane comme celui de la mairie n’existerait plus, ça ferait un vide immense », insiste Frédéric Buisson.Le magnifique platane du jardin de l'hôtel de ville à Brive.
Exit les tailles « trop fortes »Tout un travail est fait par la commune pour préserver le plus longtemps possible ces arbres anciens. Et c’est loin d’être une mince affaire entre les assauts du réchauffement climatique, et les maladies dont ils peuvent être victimes, à l’image du chancre coloré ou du phellin, ces champignons qui font si mal aux platanes.
Pour limiter ces risques, un soin particulier est apporté à l’élagage des arbres. Les Espaces verts ont rompu avec les tailles « trop fortes » pratiquées par le passé. Une manière d’éviter des blessures qui favorisent justement l’apparition de ces maladies.
En parallèle, ils ont également recours au haubanage, une technique de sanglage utilisée pour consolider certains platanes fragilisés. Elle permet à la fois de protéger les passants d’éventuelles chutes de branches et prolonge la durée de vie de l’arbre. C’est le cas pour le platane de la mairie, mais aussi pour certains de ceux de l’avenue de Paris.La technique du haubanage permet de consolider les arbres fragilisés
Le cèdre abattu, rue Fernand-Delmas à Brive, symbole du réchauffement climatique [15/08/2020]
« Il n’y a que ça pour climatiser nos villes »En mettant en lumière ce travail, Mathieu Béringuier et Frédéric Buisson veulent attirer l’attention sur « l’importance de l’arbre en ville », à la fois pour ce qu’il apporte au paysage urbain, mais aussi (et surtout) « pour répondre aux enjeux environnementaux ».
« Il faut que les gens comprennent que l’arbre n’est pas une contrainte en ville, mais une nécessité. Il n’y a que ça pour climatiser nos villes »
« L’impact le plus efficace est lié au phénomène d’ombrage, même si l’évapotranspiration joue aussi un rôle dans le rafraîchissement de l’air », détaille Mathieu Béringuier. D’où l’enjeu, tout aussi prégnant, de « renouveler ce patrimoine quand il le faut ».
C’est ce qui a conduit, ces dernières années, à la plantation de nouveaux platanes sur la première ceinture de boulevards, en remplacement de ceux, malades, datant de 1897. « À l’heure actuelle, il doit rester une soixantaine d’anciens. La première ceinture a été renouvelée aux trois quarts, souligne le technicien. L’objectif est de les laisser pousser pour avoir un vrai effet d’îlot de fraîcheur. »
Pour garantir leur longévité, tous ont aussi droit, désormais, à une fosse de plantation de neuf mètres cubes. « Les racines qui remontent et qui cassent les trottoirs, c’est parce que l’arbre vient chercher de l’air », justifie Mathieu Béringuier.
L'importance de varier les essencesDans cette perspective de temps long, Brive ne met pas « tous ses œufs dans le même panier. On varie les essences à la fois par rapport au réchauffement et à l’impact des périodes de sécheresse, mais aussi par rapport au risque épidémiologique, pour éviter de perdre un alignement entier en cas de maladie », note Mathieu Béringuier.Les techniciens du Service des espaces verts doivent composer avec le réchauffement climatique et les maladies qui s'attaquent aux arbres en ville.
Ce sera le cas avec le projet de transformation de l’îlot Churchill, où des dizaines d’arbres vont être plantées pour végétaliser tout le secteur autour de la Poste. Considérés pendant longtemps un peu comme la cinquième roue du carrosse en matière d’aménagement urbain, les espaces verts y occuperont une place centrale. Pour le plus grand bonheur de Frédéric Buisson et Mathieu Béringuier.
Michaël Nicolas