L’exposition “Ponts du Pays d’art et d’histoire” est proposée jusqu’à la fin de l’année, sur le toit terrasse de la Maison de la rivière, aux heures d’ouverture.Passionnante. On y découvre de nombreux plans anciens de la ville, dont un de 1690, sur lequel figure le pont Ginguet. L’Allier ne comptait alors pas un chenal unique, comme aujourd’hui, mais plusieurs bras qui s’entrecoupent. « Quand il y a un pont, à l’époque, on l’emprunte, mais pour certains bras secondaires, on prend un bac », explique Esteban Chassaing, adjoint au chef de projet Pays d’art et d’histoire.
Les résultats des récentes fouilles, menées de 2020 à 2022, liées au chantier du second pont, sont évoquées, avec la redécouverte des pierres de taille et des fondations sur pieux du pont Mansart.
Les fouilles archéologiques menées à Chevagnes, qui ont permis de retrouver un ancien pont-levis, sont aussi relatées.Autre document, le plan du projet de Louis Régemortes, avec une place royale à l’embouchure du pont, côté ville comme cela se faisait alors : cette place ne vit jamais le jour, juste la rue Régemortes. « La construction de ce nouveau pont, en 1753, c’était aussi participer au réaménagement urbain, redessiner le visage de la ville, tel qu’on le voit encore aujourd’hui. On comprend que ce projet, avec l’élargissement du lit de la rivière, a entraîné la disparation d’une bonne partie du faubourg de la Madeleine. De plus, cela a isolé le quartier des Mariniers. Le projet d’un deuxième quartier, à côté de Villars, n’a pas vu le jour ».
Eugène FreyssinetLe pont de fer, ancien pont du chemin de fer, a été transformé en voie douce. photo François-Xavier Gutton
L’exposition revient aussi sur les innovations techniques, de Régemortes, au pont de fer (dont les ouvriers ont souffert de problèmes de santé, après être descendus à 15 m de profondeur, à l’intérieur des piles du pont, sans connaissance, à l’époque, des sas de décompression) à l’ingénieur Eugène Freyssinet, bien sûr, au XXe siècle : s’il ne reste rien du pont du Veurdre (mais des photos, quand même), Moulins abrite toujours l’arche d’essai élaborée pour ce pont, désormais classée Monument historique.
A Moulins, l'arche d'essai Freyssinet devrait bientôt être classée Monument historique
Les réalisations et les techniques du début du XXIe siècle sont enfin mises en lumière : le viaduc de l’Allier dans le cadre du chantier de l’A79 et le second pont de Moulins, dont l’ouvrage secondaire reprend la technique de Freyssinet de béton précontraint.Des copies des panneaux sur des supports plus légers permettent à l’exposition de voyager dans tout le Pays d’art et d’histoire.
À découvrir sur le toit de La Maison de la rivière, 4 route de Clermont-Ferrand à Moulins, jusqu'à fin 2024, aux horaires d'ouverture de la structure : jusqu'à fin décembre 2024, du mercredi au dimanche, de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h. Pendant les vacances scolaires, tous les jours de 10 h à 13 h et 14 h à 18 h. Gratuit.
Ariane Bouhours