Valéry Elophe, délégué départemental du parti d’extrême droite Rassemblement national, que vous avez battu lors du second tour des législatives de juillet 2024, estime que vous avez trahi vos électeurs et que vous vous êtes dissoute dans la macronie. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
Je me demande si M. Elophe connaît vraiment la Constitution de notre pays et s'il fait bien la distinction entre le président de la République et le Premier ministre. Je soutiens le gouvernement de Michel Barnier (dans lequel trois ministres sont issus des rangs de LR, NDLR), mais cela ne sous-entend pas que je soutiens Emmanuel Macron et encore moins que je participe à son bilan.
À l'Assemblée nationale, je siège au sein du groupe LR, pas dans le camp macroniste. J'observe d'ailleurs que celui-ci est en proie à des dissensions internes et que certains de ses représentants, comme Gérald Darmanin, sont plutôt en opposition à la politique du gouvernement. Et que dire du positionnement du Rassemblement national ; en fait, il est coincé. Il n'a pas la majorité, mais laisse sa chance à ce gouvernement. Serait-il une béquille ?
Ne craignez-vous pas qu'une partie de l'électorat reproche, plus tard, aux députés LR d'avoir pris part à une aventure disons hasardeuse ?
La nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre a changé la donne. C'est un esprit de responsabilité qui nous a guidés, sinon, le pays était bloqué. Et si nous sommes là, c'est bien à cause d'Emmanuel Macron et de sa dissolution. Il fallait faire quelque chose.
Je fais partie des parlementaires qui ont signé une tribune parue dans Le Figaro pour soutenir le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, pour dire que l'État de droit est essentiel à la démocratie, mais qu'il n'est pas figé. Que dit Marine Le Pen sur ce sujet : l’État de droit ne doit pas être contesté. Je crois qu'en fait, le RN a peur de perdre des électeurs. Il faut démontrer que les meilleures solutions économiques et sociétales sont à droite.
Un exercice délicat s'annonce avec le budget 2025. Comment abordez-vous cette période ?
Sur ce dossier, comme sur les autres, nous serons vigilants, tout en donnant sa chance au gouvernement. Moi, je n'irai pas vers des mesures qui taxent la classe moyenne. Je n'écarte pas l'idée que le prochain budget fasse l'objet d'un 49.3 (sans vote de l'Assemblée nationale, NDLR).
Propos recueillis par Eric Porte