Eux aussi souhaitent se faire entendre. Après la mobilisation des 2.500 manifestants ce week-end à Guéret, pour montrer leur opposition au projet d’usine à granulés bois porté par Biosyl, l’association Vivre la Creuse, a aussi décidé de sortir dans la rue. Pour soutenir l’implantation de l’usine, cette foi-ci. Sans pour autant mettre le feu aux poudres, comme tient à le préciser d’emblée, Thierry Delaître, membre de l’association et élu d’opposition au conseil municipal de Guéret. « Ces opposants au projet ont pu s’exprimer dans le calme, sans incident. C’est une bonne nouvelle pour la démocratie », précise-t-il. « Notre posture n’est pas de nous battre contre les opposants au projet. Il est d’exposer à notre tour nos arguments. Insister sur l’importance du développement de l’attractivité économique du territoire. »
Une rencontre avec la préfète samediSamedi, l’association invite tous ceux qui partagent le souhait de voir ce projet naître, devant la préfecture à 10 heures. « Ce ne sera pas une déambulation. Juste un rassemblement. Plusieurs interlocuteurs s’exprimeront comme Frank Foulon, le président de l’association. La préfète s’est ensuite engagée à nous recevoir pour que l’on puisse discuter du dossier, de son avancement, et des recours actuels. » Les organisateurs attendent environ 250 personnes. « C’est un sujet qui clive localement, il faut le reconnaître. C’est le moment de communiquer, de voir notre département gagner en attractivité. Au risque de s’inscrire dans un cercle vicieux, d’un territoire sans emploi et de tout ce qui en découle de négatif. »
Les défenseurs du projet souhaitent notamment apporter une autre lecture des chiffres bruts annoncés. « 1.000 hectares de forêt prélevés par an, ça fait peur. Mais sur la surface globale de la forêt locale, soit 600.000 hectares, cela est finalement moins impressionnant », relativise Thierry Delaître. « C’est 2 % de la croissance annuelle, habituelle, qui va être prélevée. Il ne faut pas dire que l’on sacrifie tout au nom du développement économique. On parle de 150 emplois à la clé, ça en vaut le coup. »
Ces derniers mois, des investisseurs ont déjà renoncé à cause de tout ça.
Sur la partie environnementale, notamment des conséquences des coupes rases à long terme sur la forêt limousine, les défenseurs tiennent également à contrebalancer les arguments des opposants. « Imaginons un cycle de 100 ans. Si l’on regarde la croissance annuelle de notre forêt, l’usine sera bien loin d’avoir tout prélevé avant que le reste ne soit régénéré. »Quid du terrain convoité par Biosyl, qualifié de zone humide par plusieurs naturalistes ? L’association Vivre la Creuse s’en remet au code de l’environnement. « Si c’est le cas, bien entendu, Biosyl doit respecter les obligations environnementales. En compensant les atteintes provoquées, aux alentours. Nous sommes vus comme des anti-environnement. Ce n’est pas le cas. »
Les défenseurs du projet inquiets sur l'attractivité de la CreuseLe collectif Vivre la Creuset assure être conscient des conséquences de cette implantation. « Si je nie les incidences, je suis de mauvaise foi. Il faut juste ramener les chiffres à juste proportion. Veut-on un développement industriel en Creuse ? Ce serait le pire scénario si Biosyl ne vient pas. Ces derniers mois, des investisseurs ont déjà renoncé à cause de tout ça. Un projet en cours est également sur la sellette*. Un maire m’en a tenu informé. Ces mêmes investisseurs se sont renseignés samedi soir, dès la fin de manifestation des opposants de Biosyl », regrette-t-il. « J’ai l’impression que l’on se tire une balle dans les pieds. »
Pacôme Bienvenu