Relater le parcours de Georges Michel, c’est l’ambition d’un projet de livre (*) qui pourrait être publié en 2025, et c’était l’objet d'une conférence donnée jeudi 3 septembre 2024, à la salle d’honneur de la mairie. C’était le dernier rendez-vous du programme officiel des 80 ans de la Libération de Brive.
Georges Michel y a joué un rôle prépondérant, en étant notamment le garant d’une transition délicate entre le régime de Vichy et le retour de la République.
Du 16 août au 5 septembre 1944, Georges Michel sera en quelque sorte maire, en tant que président du comité local de libération, avant de passer le relais à Jean Labrunie.
Un homme discret qui va multiplier les activités clandestinesDans sa conférence, Bruno Foucaut s’est efforcé de retracer le parcours d’un homme discret, issu d’un milieu modeste, mais dont l’influence dans la Résistance a été déterminante.
Démobilisé après avoir échappé à l’offensive allemande de mai-juin 1940, Georges Michel intègre en août un réseau de collecte de renseignements, qui porte le nom de l’officier britannique Buckmaster.
"Georges Michel était un proche d’Henri Queuille, et responsable des jeunes radicaux-socialistes avec Jean Labrunie et Roger Courbatère (**)", précise Bruno Foucaut.
Tous trois ont fait le choix de la résistance, dans la lignée du sénateur corrézien François Labrousse qui, le 10 juillet, a voté contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Renseignements, faux papiers, liaison avec l'Armée secrèteTout au long de la guerre, Georges Michel n’a de cesse de développer ses activités clandestines. Imprimeur de profession, il fait de son atelier un fournisseur important de faux papiers, un appui essentiel pour la Résistance.
Cette activité d’entrepreneur lui permet aussi de croiser les personnalités les plus influentes de l’époque dans le camp des pétainistes et des collaborateurs. Georges Michel parvient à faire pression sur l’un d’entre eux, à le « retourner », afin d’avoir un œil sur les activités de l’occupant allemand.Georges Michel (archives familiales)
Son engagement est aussi militaire, auprès de René Vaujour et de l’Armée secrète, pour des missions de liaison et de coordination.
C’est ainsi qu’en juin 1944, au lendemain du débarquement, les responsables locaux de la Résistance sont avertis par Georges Michel que la division Das Reich remonte du sud pour se rendre en Normandie, avec une halte prévue en Corrèze.
Plus tard, Georges Michel parvient, par l’intermédiaire du réseau Buckmaster, à convaincre les Anglais de ne pas bombarder la gare de Brive, mettant en avant le risque de provoquer une hécatombe chez les civils.
Cette intense activité engendre évidemment des risques à la hauteur.
En mars 1944, Georges Michel est à deux doigts de se faire arrêter, selon Bruno Foucaut. Il se retrouve face à l’adjoint à la milice, qu’il connaît, et lui explique qu’il vient juste livrer des imprimés. Il se sort ainsi du guêpier.
Mais Georges Michel est repéré, comme le prouve une lettre de dénonciation parvenue aux autorités nazies en juillet 1944. La pression devient trop dangereuse : le 21 juillet, René Vaujour demande à Georges Michel de quitter Brive, avec sa famille, pour se mettre au vert à Martel, dans le Lot.
Une stature renforcée par le sort d'un cousinIl ne sera de retour à Brive que le 16 août 1944, au lendemain de la reddition de la garnison allemande, obtenue par la négociation. Georges Michel y a pris part, sa stature étant encore renforcée par le sort d’un cousin, René Michel : membre du PCF clandestin, il a été à l’origine de nombreux actes de sabotages dans la région de Bordeaux, avant d’être exécuté par les Allemands en 1943.
Georges Michel accède à la présidence du comité local de libération. Le 23 août 1944, il demande à Jean Labrunie de le rejoindre, sans doute à la demande du comité départemental, où les communistes se sont imposés. Le 5 septembre, Jean Labrunie est installé comme maire. Georges Michel est son deuxième adjoint.
Eric Porte
(*) Les auteurs sont à la recherche d’éléments de mémoire (photos, films, courriers…) ; contact par mail : georges-memoire19@orange.fr.
(**) Jean Labrunie a été maire de Brive jusqu’en juin 1946. Roger Courbatère a été premier adjoint d’Henri Chapelle, puis maire de 1961 à 1965.