Comment une ville de 20.000 habitants comme Moulins décline-t-elle sa politique d'accessibilité ?

Comment la politique accessibilité se décline-t-elle dans une ville de 20.000 habitants?? La commission communale pour l’accessibilité, dont la dernière réunion s’est tenue en juin, permet, avec différentes structures comme la Fnath, l’APF, l’association Valentin-Hüy, l’Unapei… Et des représentants de la ville, de dresser le bilan de l’année et de travailler sur les projets en cours.

« Elle se réunit au moins une fois par an. La dimension accessibilité est intégrée à chaque chantier de la ville », pose la maire-adjointe à l’urbanisme, Dominique Legrand. « Bien sûr, c’est une obligation, mais il y a des degrés dans les efforts qu’on peut faire ».

Les chantiers, dont les nouvelles constructions, facilitent, bien sûr, la prise en compte de ces questions. Parmi les derniers chantiers, le second pont, dont les passages ont été surbaissés, le réaménagement de la voie devant l’Ovive, qui a permis la création de six places destinées aux bus et véhicules pour personnes handicapées, contre trois précédemment, les mises aux normes des traversées aux abords de la piscine, le réaménagement des quais d’Allier entre la rue Baudin et le pont de fer. Le raccordement du pont de fer au boulevard de Nomazy a vu la création d’une rampe aux normes PMR, sur 7 mètres de hauteur, avec des paliers de repos, ce qui le rend accessible aux personnes à mobilité réduite.

Par ailleurs, Laurence Brenot, chargée des espaces publics aux services techniques et Sébastien Wurckler, gestionnaire voirie aux services techniques, expliquent :

Dix-neuf carrefours sont équipés, depuis quelques mois, de feux tricolores mis aux normes avec avertisseurs sonores, que les malvoyants peuvent activer grâce à un petit boîtier 

Début 2024, le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, a cité l’exemple de l’aménagement des berges de l’Allier, à Moulins, comme exemple de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics, parmi cinq réalisations en France (Fécamp en Seine-Maritime, Lamentin en Martinique, Payroux en Vienne, Le Tholy dans les Vosges).

La délégation ministérielle à l’accessibilité présente le projet, qui vise à faciliter les déplacements autour de la rivière via un ensemble de boucles de promenade, à les rendre accessibles aux mobilités douces, cite la zone de baignade délimitée par des pontons qui intègrent des dispositifs pour faciliter l’accès à l’eau des PMR, la zone de stationnement avec des places aux normes PMR, l’aire de promenade en abords de rivière avec un chemin en stabilisé renforcé, une rampe d’accès le long de la digue de la Brasserie accessible aux PMR.

« C’est une reconnaissance du travail effectué en concertation avec les associations de personnes handicapées », salue Dominique Legrand.  « Des communes nous sollicitent pour venir voir le pont de fer sur place », ajoute l’élue. « Le projet intéresse. Comment on a négocié avec SNCF réseaux, comment on a résolu les questions techniques… Lors des rencontres nationales des gestionnaires de routes, fin septembre à Moulins, des professionnels de Bretagne, du Nord... se sont intéressés à la façon dont on a changé l’usage de ce pont en fer ».

Une rampe d'accès a été aménagée à l'école maternelle les Gateaux. Photo Corentin Garault

Côté bâtiments, les derniers aménagements ont concerné le gymnase des Champins, l’Espace jeunes, rue de la Flèche, et l’accès au tennis couvert. Parmi les chantiers en cours, l’école élémentaires les Gateaux, qui va se voir doter d’un ascenseur et de sanitaires remis aux normes, d’ici à l’été 2025. « L’entrée de l’école a été déjà dotée d’une rampe aux normes PMR l’an dernier et la circulation intérieure de la maternelle a été revue pour favoriser l’accessibilité ».

Au cimetière, le bloc sanitaire est en cours de rénovation : « Une partie sera ouverte à la Toussaint, le reste au printemps ». L’aménagement des berges se poursuivra début 2025, entre le pont Régemortes et le nouveau pont. Côté quartier de la Madeleine, le cheminement piéton sera sablé, pour donner plus de confort. Au niveau du stationnement, selon la réglementation de 2006, 2 % du nombre total de places de parking doivent être destinées aux personnes à mobilité réduite. Dominique Legrand l'assure :

On est au-dessus. Certaines places avaient été créées avant les dernières mises aux normes, mais il n’est pas toujours possible de les adapter.

Depuis 2017, la largeur minimale des places adaptées doit théoriquement être de 3,30 m et leur longueur minimale, de 5 m. « On reçoit aussi des demandes de création de nouvelles places PMR, ou de déplacement de ces places, qu’on étudie en commission, mais il n’est pas possible d’attribuer une place à un habitant. Les places ne sont pas nominatives et on doit servir l’intérêt général ». Les quatre traversées du carrefour entre la rue de Lyon et le boulevard de Courtais ont été retravaillées, permettant la création d’une nouvelle place PMR, proche de la Mission locale de Moulins. Qu’en est-il de l’aménagement des rues?? Moulins dispose d’un réseau considérable de 70 kilomètres de voies, soit 140 km de trottoirs, parfois étroits, notamment dans le centre historique. « Impossible de tout rénover d’un seul coup », résume Dominique Legrand.

Difficultés de circulation dans la rue de Decize à Moulins. 

Parmi les points noirs, la place Garibaldi : la Ville compte mettre en accessibilité les quais des bus, sur cet arrêt central du réseau. « Quand la rénovation de la rue Régemortes sera entreprise, ce sera intégré aux travaux ».

Comment sécuriser la rue de Decize, axe majeur d'entrée dans Moulins (Allier)?

Autre point noir, la rue de Decize.

Oui, il y a des choses à améliorer dans cette rue, dans la partie la plus étroite vers le centre-ville, mais l’entrée dans la ville a été améliorée par les travaux dans le cadre de la réhabilitation des Chartreux, avec suppression d’une voie de circulation, élargissement des trottoirs et déplacement des passages piétons et arrêts de bus, qui permettent une meilleure visibilité et plus de sécurité pour les piétons.

Autre artère aux trottoirs trop étroits, la rue des Potiers. « Et on pourrait multiplier les exemples dans le centre historique, reconnaît Dominique Legrand. « Souvent, le seul choix possible, ce serait l’enlever le stationnement, mais ce n’est pas acceptable, pour les riverains ». Les solutions restent donc à imaginer...

Logements. Combien de logements sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, à Moulins?? Pas de chiffres côté privé, mais côté public, Evoléa, le bailleur social gestionnaire de la majorité des logements collectifs, précise que 851 logements sont accessibles, dont 200 en rez-de-chaussée, 517 desservis par un ascenseur, et 134 en foyer (résidence Sainte-Thérèse, Bon Pasteur).

Ariane Bouhours