Sur ce début de saison, les recrues cantaliennes sont assez nombreuses à s’être déjà fait une petite place dans la rotation du Stade Aurillacois. Et parmi ces nouveaux venus qui n’ont pas attendu longtemps pour goûter au maillot rouge et bleu, Karl Martin a été parmi les plus précoces. Très vite lancé et très vite intéressant durant la phase de préparation, le centre irlandais a débuté la saison comme titulaire.
Avec déjà quatre matches au compteur en cinq journées, Martin aurait même pu faire un grand chelem, sans un choc à la tête contre Brive, qui lui a fait manquer Béziers. Mais vendredi 4 octobre, le joueur de 22 ans était bien sur le pont, au stade de l’Ander à Saint-Flour, pour une séance délocalisée. L’occasion de découvrir un autre coin de sa nouvelle patrie, lui qui avait débuté sa carrière en France… contre le Stade. Un match disputé alors à Montpellier, le club qui l’avait recruté en 2021 pour ses Espoirs.
Le Covid l’a conduit à regarder ailleurs« J’étais toujours lié au Leinster. C’était l’année après le Covid, il n’y avait pas de rugby, pas d’opportunité. J’ai parlé avec un agent, et en deux jours il y avait quelques clubs qui avaient pris contact en France, dont Montpellier », rembobine Martin, qui ne regrette pas son choix. Et, même s’il n’avait pas encore idée ce qu’était le système des JIFF, il a pu profiter de ses trois ans dans l’Hérault pour gagner ce label.
« J’ai compris que c’était quelque chose d’important, surtout pour un étranger », note le centre qui, après sa première année d’apprentissage au MHR, a réussi à apprivoiser cet univers, lui qui n’avait pourtant pas envisagé immédiatement une carrière en France. « J’y avais pensé, mais peut-être plus tard. Quand j’étais plus jeune, Toulon avait remporté ses trois titres européens consécutifs, alors je m’était dit que ce serait pas mal un jour d’être en France. »
Un projet de jeu qui a su le séduirePour ce pur « Dubliner », alors que toute sa famille est originaire de la capitale irlandaise et que lui-même a grandi autour de la cité de James Joyce, rallier le Vieux Continent était déjà un saut majeur, et celui consistant à passer de l’Hérault au Cantal était peut-être plus important encore.
« Je n’avais jamais vécu dans une petite ville avant. Montpellier est une grande ville. Ici, on est plus à l’écart des villes importantes », observe Martin qui est moins venu pour le cadre verdoyant qui pourrait lui rappeler l’Irlande, que pour son projet rugbystique.
« J’ai aimé ce que les coaches m’ont proposé, les objectifs, le plan de jeu. Les entraîneurs sont vraiment derrière les joueurs, il n’y a pas de pression excessive mais on nous encourage à jouer. Et le projet proposé me plaît, personnellement. On a un bon paquet d’avants et pour nous derrière ça peut rendre les choses plus simples. Je n’ai pas à me plaindre », sourit le joueur dont la vitesse et l’envie de prendre des intervalles avaient été une des bonnes surprises de la préparation estivale.
Leader en devenir ?Et s’il hésite encore sur l’emploi du terme, l’Irlandais se verrait bien s’affirmer à Aurillac. « Ici je peux peut-être prendre plus de responsabilités, je ne sais pas si on peut parler de leadership, mais je veux élever mes standards », se projette-t-il. Le staff cantalien a en tout cas montré qu’il comptait sur lui.
Et, lors de la réception de Montpellier en amical cet été, il se murmurait en coulisses que certains au MHR n’auraient pas été contre l’avoir à disposition cette année encore. Même si le club héraultais sait que le joueur (et donc Montpellier) pourrai(en)t avoir tout à gagner de voir Karl Martin s’imposer en Pro D2. Le joueur, lui, veut croire en une « grande année » avec « ce bon groupe », et cette équipe jeune.
Jean-Paul CohadePhotos : Jérémie Fulleringer