Cela n’aura échappé à personne et Andréa Cachard, météorologiste-conseil à l’antenne de Météo France Bordeaux (Gironde), ne le cache guère longtemps : septembre 2024 a été en Limousin « pluvieux, très pluvieux même » et « plus froid que la normale ».
Alors que la chaleur avait joué, l’an passé, les prolongations jusqu’à mi-octobre - battant au passage plusieurs records mensuels de températures localement (34,5°C à Limoges-Bellegarde le 4 septembre 2023, 30°C toujours à Limoges-Bellegarde le 1er octobre 2023, 33,2°C le 2 octobre 2023 à Brive-la-Gaillarde…), l’été a, cette année, vite laissé place aux précipitations. « Cela fait trente ans qu’on n’avait pas eu autant de pluie pour un mois de septembre en Limousin », appuie Andréa Cachard avant de préciser les données.
PrécipitationsDe la pluie « quasiment » quotidienne du 1er au 12 du mois, puis une petite accalmie du 13 au 20 avant une « reprise d’un temps perturbé du 21 au 29 » avec une dernière dizaine marquée par une « rivière atmosphérique » (*). Vous l’aurez compris, ce mois de septembre 2024 aura été particulièrement arrosé en Limousin.
Dans le détail, explique Andréa Cachard, « à l’échelle du Limousin, les pluies ont été excédentaires de 109 % ». « Il est donc tombé plus du double de la normale de saison, indique-t-elle. En moyenne, il pleut 87 mm pour un mois de septembre en Limousin et là, pour ce mois de septembre 2024, on a eu plus de 175 mm. »
Ce mois de septembre 2024 vient ainsi se classer au quatrième rang des mois de septembre les plus pluvieux en Limousin depuis le début des observations météorologiques en 1960, derrière septembre 1965 (excédent +188 %), septembre 1993 (+161 %) et septembre 1994 (+117 %).
Département par département, c’est la Corrèze qui a été la plus arrosée des trois départements limousins avec un excédent de +120 %. Suivent la Haute-Vienne (+106 %) et la Creuse (+97 %).
En cumul de pluie, il est par exemple tombé 269 mm à Égletons (Corrèze) contre une normale à 90 mm - « soit trois fois ce qu’on aurait dû avoir en un mois de septembre classique » insiste Andréa Cachard -, 201 mm à Uzerche (contre 76 mm), 188 mm à Argentat-sur-Dordogne (contre 85 mm).
En Haute-Vienne, le cumul de pluie est de l’ordre de 185 mm à Saint-Yrieix-la-Perche (contre 75 mm), 183 mm à Limoges-Bellegarde (contre 75 mm).Enfin, s’agissant de la Creuse, il est tombé 184 mm à Bourganeuf (contre 86 mm) et 167 mm à La Courtine (90 mm).
TempératuresSans surprise là non plus, la température moyenne de ce mois de septembre en Limousin est « inférieure aux normales de saison », poursuit Andréa Cachard, et ce, de -0,95 °C. « La température moyenne, confie-t-elle, c’est la température maximale plus la minimale et le tout divisé par deux. La normale, pour le Limousin pour un mois de septembre, est de 15,4 °C alors que là, nous avons eu une température moyenne de 14,45 °C. »
Et la météorologue de se pencher un peu plus sur le calcul : les températures minimales ont, en fait, été proches des normales et même légèrement supérieures de +0,5 °C. « Cela s’explique par le fait que le temps était très perturbé, très nuageux et dans ce cas, la nuit, les températures ont du mal à descendre. » À l’inverse, « et c’est pour cela qu’on a eu la sensation d’un mois de septembre assez frais », dit-elle, les températures maximales ont été inférieures aux normales de -2,4 °C.
En Haute-Vienne, la température moyenne de ce mois de septembre 2024 a baissé de -0,95 °C par rapport aux normales, en Corrèze -0,9 °C et en Creuse -0,7 °C.
EnsoleillementÉvidemment en lien avec cette météo perturbée, l’ensoleillement a été largement déficitaire en septembre. « Sur l’ensemble de la France, l’ensoleillement a diminué de 20 % et le Limousin a fait partie d’une des régions les moins ensoleillées, avec les Alpes, avec un déficit de 30 à 40 % par rapport à la normale », termine Andréa Cachard.
(*) Sur son site Internet, Météo France explique la rivière atmosphérique : « On parle de rivière atmosphérique lorsqu’on observe un long corridor d’atmosphère humide continu depuis les régions subtropicales, les Bermudes ou les Antilles par exemple, jusqu’au continent européen. Cette continuité, depuis la source humide subtropicale jusqu’à l’exutoire européen, est rendue possible par la succession et la coordination de plusieurs dépressions sur l’Atlantique qui, par leur mouvement de rotation, œuvrent simultanément, telles des pompes, pour impulser l’air chaud et humide plus au nord. La rivière atmosphérique apparaît ainsi comme un long filament nuageux régulier qui transporte de manière très efficace de l’humidité constamment réalimentée vers des latitudes tempérées. »
Jean-Adrien Truchassou