Un peu comme la fable du Lièvre et de la Tortue , c’est l’histoire de la relation de Marie Bernaudat-Petitallot avec l’écriture. Tout comme la tortue qui n’entre pas immédiatement dans la course, la Troyenne d’origine n’est pas de celles qui se rêvent en Colette. « Pas de carnets secrets pour coucher mes premiers émois. En revanche, j’ai été très tôt une lectrice assidue, fascinée par les mots. Pas tant par leur sens ou leur sonorité, mais par leur aspect visuel. Pourquoi ce “t” à la fin de chocolat ? Peut-être pour faire la tablette plus longue ! »
Club d’écriturePas Colette donc, mais peut-être Madame de Sévigné. « J’apprécie de correspondre par lettres. Plus jeune, je m’adressais à un correspondant que j’appréciais beaucoup en utilisant une formule peu académique : “Monsieur qui êtes là-haut…”. Zola, dont je suis fan, aurait apprécié cette introduction. »
Installée à Vichy après sa retraite de secrétariat de direction, Marie rejoint un club d’écriture. L’appréciation de ses professeurs n’est pas tendre. « Mais je suis particulièrement têtue et revancharde. »
Elle croit fermement en ces deux personnages qu’elle a désormais en tête. « En fait, j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui les ai fait vivre, mais eux qui m’ont pris par la main. » Alors Marie va dérouler l’histoire sans plan. « En écrivant, on se rend compte qu’on a stocké plein de souvenirs de personnes rencontrées et de moments vécus. » Toutes ces images et émotions remontent comme les fines bulles de la source locale.
Marie écrit quand les mots viennent. Pas de bureau, juste assise sur son canapé avec l’ordinateur sur les genoux. Elle semble toujours un peu étonnée de la tâche dans laquelle elle s’est lancée. Puis, un jour, vient le mot “fin”, qui marque en réalité le début d’un autre processus.
« On écrit pour donner à lire aux autres. D’abord à des amies relectrices, mais ce sont des amies. Il faut aussi soumettre à des éditeurs. J’ai contacté sept maisons d’édition et obtenu six précontrats. J’ai choisi la collection Évasion de Vérone parce qu’en face de moi, je n’avais que des femmes. »
« Laisser quelque chose de moi »Et puis, le 6 juin, elle a devant les yeux son roman, avec son patronyme en haut de la couverture. « Une immense fierté ! J’allais laisser un petit quelque chose de moi sur terre. » Charles et Noémie, les deux héros, font désormais partie de sa famille. « Leur histoire ? C’est une histoire de vie, une histoire de tous les jours. » Quand les étoiles ne veulent pas s’aligner, que diriez-vous aux lecteurs pour leur donner envie de lire votre roman, Marie ? « Ils ont tout fait pour s’aimer, mais ils n’y sont pas arrivés. »
Pratique. Dire je t’aime ne suffit pas toujours , Marie Bernaudat-Petitallot (Vérone Éditions)