Et si le festival des Nuits de Nacre n’avait pas lieu en 2025 ? Personne, raisonnablement, n’ose franchement l’envisager, alors que les dates sont officiellement fixées : le dernier week-end de juin. Mais c’est un chiffon rouge que brandit l’association qui l’organise aux lendemains de son assemblée générale, le 26 septembre.
Pour le bureau, démissionnaire dans sa totalité, et son ancien président notamment, trop c’est trop dans les relations avec la Ville. « Après ces deux dernières années, au cours desquelles nous avons remis sur les rails l’organisation du festival, je n’attendais pas du tout cette déflagration », résume, choqué, Jean-Bernard Servières. « Il faut revoir un peu la voilure du festival, mais ça n’a rien d’extraordinaire », répond, confiant, le maire Bernard Combes.
40.000 € de subvention retirésEn cause, la nouvelle convention triennale que la Ville et l’association doivent signer cet automne pour cadrer les règles d’organisation du festival jusqu’en 2028. Et particulièrement, le subventionnement alloué par la collectivité. 104.000 € selon la convention qui s’achève, sans compter, précise le maire, les 45.000 € alloués à quatre missions particulières, techniques et logistiques notamment.
Cette enveloppe-là, « on ne la remet pas en cause », pose Bernard Combes, mais les 104.000 €, impossible de les maintenir. Surtout, précise-t-il, s’ils doivent contribuer à l’embauche d’un second emploi à temps plein, en l’occurrence celui d’une chargée de production que le bureau a acté peu avant de démissionner.
Les associations doivent faire attention à ne pas avoir trop d’emplois permanents, qui grèveraient leur budget artistique.
« Nous avons aujourd’hui la charge de la Cité de l’accordéon, qui a mis le budget de la Ville en tension. Nous avions toujours dit que le calibrage de notre soutien serait à revoir en fonction des charges de fonctionnement de la Cité, avec le report d’une partie des fonds alloués à l’association sur un poste attaché au musée », détaille l’élu.
Les préconisations de la Cour régionale des comptes à respecterEnsuite, « nous devons tenir compte des recommandations de la Cour régionale des comptes sur le suivi des budgets alloués aux associations (*) Elles doivent faire attention à ne pas avoir trop d’emplois permanents, qui grèveraient leur budget artistique. Ce budget doit représenter au minimum 30 % du budget de l’association, aujourd’hui, il représente 28 % ; avec ce second emploi, recruté de façon unilatérale, le budget artistique serait dégradé autour de 21 %. La Cour des comptes dira non ! »
La convention triennale en discussionLa Ville, elle, « n’avalisera pas la convention triennale dans ces conditions », prévient le maire. Et sans convention, pas de festival ! Le maire qui refait ses calculs : 40.000 € en moins, un seul emploi à temps plein et quatre missions particulières : « Pour organiser deux soirées par an, et même s’il faut les organiser toute l’année, c’est assez. Et tout simplement, on ne peut pas faire davantage. »
Notre budget est à l’os. Le modèle du festival, avec des concerts à 85% gratuits, devient de plus en plus difficile à équilibrer. Ce travail, indispensable, relève de compétences éminemment professionnelles.
Du côté du bureau démissionnaire des Nuits de Nacre, on crie à l’ingérence dans la gestion interne de l’association, au manque de reconnaissance pour les efforts consentis et couronnés de succès, à l’autoritarisme et à la méconnaissance du travail à accomplir.
« Ils veulent d’autorité nous imposer un schéma, alors que nous avons trouvé le fonctionnement qui correspond à ce festival. Là, notre budget est à l’os. Le modèle du festival, avec des concerts à 85% gratuits, devient de plus en plus difficile à équilibrer. Ce travail, indispensable, relève de compétences éminemment professionnelles à l’appui du conseil d’administration de l’association et de son bureau. »
Pour sauver le festival 2025, la négociation reste ouverte entre la Ville et l’association, dont le nouveau bureau sera élu d’ici une quinzaine de jours. Pour le maire, « si la perte de subvention est trop lourde, elle pourrait être opérée sur 3 ans pour en diminuer les effets. Je suis prêt à l’entendre », avance Bernard Combes.
Davantage de billetterie envisagéeCôté Nuits de Nacre, « la formule 2025 est en train d’évoluer, avec plus d’entrées payantes (la fermeture de la scène Gambetta est envisagée, NDLR) et donc plus de recettes de billetterie, des buvettes à multiplier, peut-être, en accord avec les bars et restaurants, et du mécénat à intensifier. Il faudra qu’on se débrouille », avance Jean-Bernard Servières.
« Il faudra que le nouveau bureau nous rencontre rapidement, note le maire, pour qu’on puisse signer la convention triennale au plus tard en novembre, à temps pour que le festival 2025 soit organisé au complet. Je suis sûr qu’on trouvera une solution. Pas de festival, ça n’arrivera pas ! »
(*) Sont concernées, outre le TFC, L’Empreinte, Des Lendemains qui Chantent et les Nuits de Nacre.
Blandine Hutin-Mercier