Les inquiétudes sont grandes, les attentes aussi. Attendu de pied ferme, le Premier ministre Michel Barnier n'a pas découvert le mal-être du monde agricole, mais il a pu, une nouvelle fois, en mesurer l'ampleur, ce vendredi, lors de sa visite au Sommet de l'élevage, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Habitué des lieux, celui qui fut ministre de l'Agriculture venait "en ami", promettait le président du Sommet de l'élevage, Jacques Chazalet. Il n'a pas été démenti par les éleveurs, qui lui ont réservé un accueil dans l'ensemble bienveillant, tout en abreuvant le chef du gouvernement de leurs multiples sujets d'inquiétude, à commencer par les conséquences désastreuses de la fièvre catarrhale ovine (FCO).
Un fonds d'urgence de 75 millions"Je ne suis pas là pour vous raconter des histoires, mais je vais faire ce que je peux pour vous aider", a répété à longueur d'échanges Michel Barnier, au fil de près de trois heures de déambulation. Pas de grandes promesses, mais à l'issue d'une rencontre avec les organisations syndicales, le Premier ministre a, comme attendu, effectué quelques annonces pour répondre à une partie de ces préoccupations, complétant celles données jeudi par Annie Genevard, ministre de l’Agriculture.
Quelles sont les annonces de la ministre de l'Agriculture, en visite au Sommet de l'élevage ?
Tout en appelant à agir à l'échelle européenne pour faire face à cette crise sanitaire, Michel Barnier a annoncé, pour la filière ovine, "la plus gravement touchée", le déblocage d'"une enveloppe de 75 millions d'euros immédiatement disponible notamment pour faire face un stéréotype, la FCO 3, qui est émergent et pas pris en compte dans les financements et les indemnisations telles qu'elles sont organisées aujourd'hui pour d'autres dimensions de la maladie."
Ce fonds d'urgence doit permettre "d'indemniser les éleveurs touchés par les pertes directes de ce virus", avait expliqué la veille Annie Genevard, expliquant également que "la vaccination gratuite et prise en charge par l'État sera désormais ouverte à toute la France pour la filière ovine. Nous avons le stock de vaccins nécessaire."
Epandage et loi d'orientation agricoleAutre annonce à destination du monde agricole : le Premier ministre a dénoncé ces "contradictions qui tombent d'en haut et ne sont pas adaptées au terrain. C'est notamment le cas des obligations d'épandage, dans des champs gorgés d'eau, qui doivent être terminées au 1er octobre. Ce n'est pas possible. J'ai donné l'instruction à tous les préfets d'assouplir ce délai jusqu'au 15 novembre."
Enfin, il a confirmé le lancement d'un programme spécifique de prêt garanti par l'Etat "pour ces exploitations qui ont besoin d'oxygène". "Il y a eu des protestations, une colère, une souffrance exprimées par le monde agricole en début d'année, je ne l'oublie pas, poursuit Michel Barnier. Nous allons prendre en compte les engagements qui ont été pris et les avancées qui ont été produites par ce travail avec les dirigeants agricoles. La loi d'orientation agricole sera réinscrite à l'ordre du jour en janvier, le plus tôt possible après le vote du budget."
Arthur Cesbron