Il avait beaucoup bu. "Une dizaine de verres de Ricard à l’apéritif et un demi-litre de vin rouge devant un match de rugby de l’ASM, chez un ami", détaille le prévenu, tête baissée. "Vous saviez que vous n’étiez pas en état de prendre le volant ?", interpelle Nassira Belkacemi, présidente de l’audience. "Je savais que j’avais bu mais je pensais que je pouvais rentrer…", bafouille le Puydômois de 56 ans, cheveux blancs et air contrit.
Un choc d'une grande violenceNon, il ne pouvait pas rentrer. Il avait 2,2 g/l d’alcool dans le sang. Les conséquences de ce choix ont été dramatiques. C’était le 18 novembre 2023, en début de soirée, à l’intersection entre deux départementales, sur la commune de Saint-Genès-Champanelle.
Alors qu’il rentre chez lui au volant d’une Nissan, le quinquagénaire percute de plein fouet et à vive allure un véhicule devant lui. Celui-ci était à l’arrêt, derrière une autre voiture qui attendait de passer à l’intersection. Le choc a été d’une extrême violence.
La voiture percutée a l’arrière complètement enfoncé. À l’intérieur, une conductrice et sa nièce. Blessées, elles sont transportées au CHU de Clermont-Ferrand. "Non seulement ma cliente a eu peur pour elle mais aussi pour sa nièce", fustige Me Lucie Clouvel, avocate de la conductrice.
La jeune femme s’en est tirée avec trois jours d’ITT. Pour sa tante, infirmière libérale, le préjudice est aussi professionnel. "Son véhicule lui est indispensable, cela a été tout un stress, pour elle, au quotidien, dans un métier déjà chargé", appuie son conseil.
Il roulait aussi à vive allureLes deux femmes sont présentes à l’audience. À la barre, le responsable de l’accident leur adresse ses excuses. Mais les circonstances aggravantes pèsent lourd dans ce dossier. Le prévenu a déjà été condamné deux fois pour conduite en état d’ivresse.
"On a du mal à comprendre comment il a pu penser pouvoir être maître de son véhicule", tance la procureure. "De plus, il roulait à grande vitesse, de nuit et sur une chaussée humide." Elle veut six mois de prison avec sursis probatoire.
Le conducteur est aussi suspecté d’avoir fui après l’accident. Des témoins rapportent l’avoir vu faire demi-tour. Son véhicule a été retrouvé à une centaine de mètres en amont du choc, dans un fossé. "La boîte de vitesse a pu se retrouver au point mort dans l’accident et le véhicule a pu reculer dans la pente", tente d’expliquer Me Frédéric Franck, son avocat.
La relaxe demandée sur ce point est accordée. Pour le reste, le conducteur est condamné à quatre mois entièrement assortis d’un sursis probatoire de deux ans et d’une suspension de permis de 10 mois.
Olivier Choruszko