Le 2 décembre 2023, en fin de première mi-temps contre le Racing 92, Irae Simone quittait ses partenaires en boitant bas. Verdict : luxation de la rotule du genou droit et lésion des cartilages.
Dix mois - ou presque - plus tard, le centre australien a fait son retour à la compétition la semaine dernière à Perpignan en remplaçant en milieu de première période George Moala, sorti sur commotion. La fin d’un long tunnel où Irae Simone a dû prendre son mal en patience et évacuer les doutes que traverse tout joueur après une grave blessure et une opération chirurgicale.
« C’est la première fois dans ma carrière que je me blesse aussi sérieusement, raconte-t-il. J’ai même eu peur de ne plus pouvoir rejouer au rugby ».
Aujourd’hui, ses craintes sont évacuées. Après un contretemps sans gravité le 23 août, contre le RC Toulon à Issoire en amical (Irae Simone a été victime d’une plaie sur la cicatrice en marquant un essai), il a été convoqué pour la première fois dans le groupe pour le déplacement à Perpignan, samedi dernier. Avec à la clé, une heure de jeu où, dans un contexte collectif défavorable, sa prestation a été plutôt intéressante.
« Cela a été long, très long. Dix mois sans pouvoir s’entraîner, ni jouer au rugby avec mes coéquipiers, c’est éprouvant. Mais aujourd’hui, je suis tellement heureux et reconnaissant d’avoir retrouvé le groupe qui m’a toujours soutenu durant cette période. J’ai passé cet obstacle et j’en suis fier. C’est bon d’être de retour ».
Après une aussi longue absence, des doutes planaient sur son niveau que sa prestation à Aimé-Giral a en partie levés.
« Je me sens de mieux en mieux chaque jour. Je ne pense pas avoir changé de jeu, ni perdu mes qualités. Mais il y a de nouveaux joueurs qui nous ont rejoints. Il va falloir trouver des connexions avec eux », commente le joueur.
« On ne savait pas comment il allait revenir, reconnaît Frédéric Charrier, le coach chargé des trois quarts. Il n’est pas encore à son top. On sait qu’il a besoin de temps. On va lui laisser. Je ne doute pas qu’il puisse retrouver rapidement son niveau ».
Nommé capitaine par Christophe Urios la saison dernière, Irae Simone revient dans le jeu comme simple soldat. « Ce n’est pas un problème. Je ne le vis pas négativement, au contraire. Je pense que la meilleure chose pour moi, c'est d’être focalisé uniquement sur moi-même dans cette phase de retour ».
"Il faut faire les choses dans l’ordre"Une démarche élaborée en accord avec le staff. « Avant de retrouver du leadership, il a besoin de retrouver son niveau tout simplement, confirme Frédéric Charrier. De prendre confiance en lui et par voie de conséquence d’en donner à ses partenaires. Il faut faire les choses dans l’ordre. Cela reviendra naturellement. Il doit d’abord se concentrer sur sa propre performance ».
En raison de sa formation à l’ouverture, Irae Simone peut aussi offrir une alternative à ce poste. « Nous en avons parlé avec le staff. Cela me plaît ». « C’est une option que l’on a évoquée avec lui, confirme Frédéric Charrier. Certes, il n’a pas les qualités de Benjamin Urdapilleta ou d’Anthony (Belleau) dans le jeu au pied. Mais il a des mains, une belle longueur de passe. Il est capable d’anticiper, de faire bouger le ballon et d’apporter de l’alternance dans notre jeu ».
Au centre ou l’ouverture, qu’importe, le plus important pour Irae Simone est d’être capable d’évoluer de nouveau au plus haut niveau.
Didier Cros
