Les visiteurs étrangers et français du Sommet de l’élevage, qui feront le déplacement jeudi 3 octobre sur l’exploitation de Frédéric Busarello à Ceyrat sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, ne seront pas déçus. L’éleveur puydômois au « trois-quart » d’origine calabraise a beau avoir pris un vilain coup à une cuisse qui a ralenti ses mouvements, il est loin d’avoir perdu l’usage de la parole. Et n’a pas son pareil pour vanter les mérites de son système qui marie élevage de chevaux de trait comtois et de vaches allaitantes, avec 18 juments et 80 mères limousines sur 175 hectares.
« Les premiers comtois sont arrivés sur l’exploitation en 2000 par envie et passion du cheval, commence-t-il. On dit souvent que les chevaux ont un tel appétit qu’ils vous vident une grange. En fait, il faut les mettre à leur place et avec les bovins, cela fonctionne parfaitement. A l’automne et pendant l’hiver, ils passent derrière les limousines dans des prés de fauche et de pâture et ils arrivent toujours à gratter quelque chose. Et plus ils grattent, moins la grange se vide. »
"8 tonnes par hectare de matière organique"Frédéric Busarello a même calé vêlages (de février à avril) et poulinages (de janvier à mai) afin que les nouveaux nés profitent le plus possible d’un lait abondant produit à base d’herbe. Un cercle vertueux qui se poursuit au niveau de la fertilisation des prairies de la Ferme de Bonant, convertie à l’agriculture biologique en 2006. « Entre les bovins et les chevaux, nous sommes à 8 tonnes par hectare d’apport en matière organique. Ce qui me permet de n’acheter aucun engrais. C’est une économie non négligeable. J’ai seulement un budget paille pour produire du fumier pour fertiliser mes 3 hectares d’orge et 7 de luzerne. Mais au-delà de ça, le fait que les deux espèces pâturent sur les mêmes parcelles évite également qu’il y ait trop de concurrence entre les plantes. Cela donne des prairies très fleuries avec beaucoup de diversité. Le crottin de cheval favorise notamment les légumineuses. Il faut simplement veiller à ce que le crottin soit épandu dans les endroits les plus maigres de la pâture », poursuit l’éleveur.« On dit souvent que les chevaux ont un tel appétit qu’ils vous vident une grange. En fait, il faut les mettre à leur place et avec les bovins, cela fonctionne parfaitement », insiste Frédéric Busarello
"Bon pour le bien-être des animaux"L’autre gros avantage de ce système est à chercher sur le plan sanitaire. « L’alternance vaches chevaux sur les pâturages permet de casser le parasitisme. Les vaches vont manger les refus des chevaux et déloger les parasiter des chevaux. Et inversement. Du coup, je ne vermifuge plus systématiquement les animaux et plus du tout les adultes. Or, si je devais le faire sur tous les bovins, je ne sais même pas pour combien j’en aurais. Autre effet collatéral positif, j’ai remarqué qu’il y avait moins de mouches sur les troupeaux. Les hirondelles, qui se nourrissent des vers dans les bouses, les chassent, ce qui est bon pour le bien-être des animaux », abonde Frédéric Busarello.
Au final, avec un tiers d’équidés et deux tiers de bovins, l’éleveur auvergnat, qui vient de se classer deuxième au National comtois en catégorie jument de 8 ans, est persuadé d’avoir trouvé la formule gagnante. « L’activité cheval doit représenter 20 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Mais cela ne tient pas compte de toutes les économies induites en fertilisation ou frais vétérinaires », tranche celui qui s’est lancé récemment dans la vente de caissettes de bœuf limousin bio.
"Montrer tous les atouts du système"Cette complémentarité vaches allaitantes chevaux sera au coeur de la visite organisée dans le cadre du Sommet. « Le but est de montrer tous les atouts de ce système avec l’objectif de donner l’idée à d’autres éleveurs de sauter le pas », argumente Annette Chanteleuze, la commissaire du pôle équins, qui accueillera 300 animaux encore cette année. « Nous avons décidé d’aller plus au fond des choses lors de cette visite sur cette complémentarité mais aussi sur le contrôle de performances et l’intérêt de manger de la viande de cheval. Nous organiserons même une dégustation à l’aveugle de limousine, de charolaise et de viande de cheval en guise de travaux pratiques », conclut Gilles Gapihan, l’ancien commissaire équins, toujours présent dans l’équipe d’organisation.
Dominique Diogon