Du 4 au 7 octobre, dans le cadre de la Foire exposition et d’autres manifestations, la Ville de Montluçon (Allier) va recevoir l’ensemble des délégations des « villes amies et jumelées ». Il y aura Leszno (Pologne), Antsirabe (Madagascar), Guimaraes (Portugal), Igualada (Espagne) et Roman (Roumanie).
On n’oublie pas non plus Hagen qui, la première, en 1965, il y a bientôt soixante ans, a lié son sort à celui de la cité des bords du Cher. Dans son édition du 23 juin 1965, le quotidien local Centre-Matin titre sobrement : « Première réception de la municipalité avant le jumelage Montluçon/Hagen ».
La veille, la délégation allemande, arrivée en train, a visité le vieux Montluçon avant de se rendre à l’hôtel de ville où est organisée une réception en son honneur. La salle du conseil municipale est décorée des drapeaux français et allemand. Le drapeau européen est au milieu.
Les mêmes couleursLa cérémonie est présidée par le député-maire Jean Nègre. Mais c’est son adjoint, Paul Jourdain, qui prononce l’allocution de bienvenue. Si l’élu déclare que la barrière de la langue ne simplifie pas les choses, il observe qu’Hagen et Montluçon partagent les mêmes couleurs, le jaune et le bleu.
Quant à la taille des deux villes… « Il m’a été reproché, ces derniers jours, lors de nos discussions, de la disproportion de nos villes. Hagen 200.000 habitants, Montluçon 60.000 [….]. Je suis certain que vous n’avez aucun regret de nos rapports qui sont devenus très amicaux ».
Au détour de l’article, on apprend que Monsieur Hofmann, assistant au lycée de garçons, assure la traduction.
J’ai passé ici la plus belle année de ma vie. Je partirai de Montluçon comme quelqu’un qui a quitté son pays natal.
Une certaine Madame Grandmaître, « des services de l’office franco-allemand », est à l’origine de ce rapprochement qui ne tient pas qu’aux couleurs des villes. « Nos cités offrent d’autres similitudes et notamment par la structure industrielle », commente Lothar Wrede, le maire d’Hagen.
Le 23 juin 1965, une deuxième cérémonie est organisée à l’hôtel de ville. La signature du protocole entre les deux maires consacre officiellement le jumelage. Dans son édition du 24 juin, Centre-Matin parle d’« une importante manifestation d’amitié franco-allemande ». Avant de signer le protocole, Jean Nègre, rappelle l’impérieuse nécessité du « rapprochement des peuples pour la préservation de la paix et l’organisation d’un monde meilleur ».
La délégation allemande à la carrière des GrisesLe matin même de la cérémonie, la délégation allemande s’est rendue à la carrière des Crises où 42 civils ont été exécutés en août 1944. Un geste très fort apprécié à sa juste valeur par Jean Nègre. « Par déférence pour la mémoire de victimes, vous le vouliez discret [le pèlerinage]. Il a été tel que vous l’aviez souhaité. »
« Il y a eu depuis des siècles des hostilités entre la France et l’Allemagne, a répondu Lothar Wrede. D’un passé malheureux et récent, les blessures restent encore profondes. Mais nous qui avons la responsabilité de préparer un avenir commun, nous ferons tout notre possible pour inculquer aux hommes le désir de la paix. »
Après la signature du protocole et les échanges de cadeaux, un vase décoré aux armes de la cité allemande et un triptyque en marqueterie représentant les blasons des deux villes, un dîner a été servi « dans l’agréable cadre de l’hostellerie du château Saint-Jean », rapporte Centre-Matin.
Le 24 juin 1965, la délégation allemande s’est rendue au lycée technique Paul-Constans, puis à la Chambre de commerce et d’industrie. La visite s’est achevée par une balade à Néris-les-Bains et un concert de l’Harmonie municipale au théâtre de Montluçon.
De nombreux parrainages. Le 2 décembre 2004 : près de quarante ans après Hagen, la Ville de Montluçon officialise son deuxième jumelage avec Leszno, une cité industrielle de 63.000 habitants située à l’ouest de la Pologne.Tout est parti, quelques années plus tôt, d’une relation d’affaires entre deux entreprises : Mairal et Deplast. « Cette ville correspond tout à fait à notre bassin montluçonnais. En l’état, une ville industrielle en milieu rural », s’enthousiasme Daniel Dugléry. Élu à la tête de la Ville en 2001, l’ancien maire de Montluçon impulse, toujours en 2004, un troisième jumelage avec Antsirabe, la deuxième ville de l’île de Madagascar, peuplée de 120.000 habitants. En visite dans la cité des bords du Cher, l’ambassadeur Jean-Pierre Razafy Andriamlhaingo salue les interventions « décisives » de Pierre Troubat, consul honoraire de Madagascar, et Bernard Ducroz, président de l’alliance France-Madagascar.En 2014, Montluçon lance les bases d’un quatrième jumelage avec la ville portugaise de Guimarès (160.000 habitants). Dans le prolongement du partenariat mené avec Leszno, Daniel Dugléry observe la présence d’« une forte communauté lusitanienne » dans la cité des bords du Cher. « Notre ville est l’une des plus emblématiques du pays, une cité fondatrice du Portugal », lance le maire Domingos Brgança, en visite à la Foire. Le jumelage est officialisé en décembre 2015.Deux ans plus tard, la ville d’Igualada, en Espagne, est l’invité des festivités du Bœuf Villé. En août 2018, Montluçon officialise son cinquième jumelage avec cette cité de 41.000 habitants proche de Barcelone.Dernière initiative, en 2019, Montluçon lie un pacte d’amitié avec la ville Roumaine de Roman (50.000 habitants).
Fabrice Redon