Fort de sept coordonnateurs et de trois dispositifs distincts, ce pôle permet des suivis personnalisés avec pour objectif de se rapprocher le plus possible du milieu ordinaire. Évaluation, écoute et créativité en sont les règles de base. Cédric Mattesco, directeur, présente la diversité des réponses.
« Le premier dispositif, mis en place en 2011, est le Service d’accompagnement à l’insertion (SAI), qui permet un suivi renforcé pour les publics complexes et sans solution. Puis, toujours pour répondre à l’évolution des besoins, le pôle de compétences et de prestations externalisées (PCPE) est venu en prévention des situations de rupture. C’est un service de première réponse qui va aider sur une année environ, plus ponctuellement donc que le SAI. Pour chaque situation, on évalue les besoins et on cherche des solutions pérennes, grâce entre autres à une approche globale qui peut suffire à lever certains blocages, dans la famille par exemple. Le troisième dispositif est le PCPE-ASE, un pôle de compétences et de prestations destiné spécifiquement aux jeunes de l’ASE (Aide sociale à l’enfance). Il s’agit souvent de déscolarisation et nous travaillons beaucoup avec les établissements scolaires. On peut ajouter les ateliers techniques de l’IME comme l’horticulture, les espaces verts, la menuiserie, la ferme, où les jeunes vont se réconcilier avec les contraintes du monde du travail. »
On fait le point avec deux chargés d’insertion de la structure.
Comment l’équipe s’organise-t-elle ? Karine Boulin : « Nous sommes sept chargés d’insertion pour, au total, 90 jeunes environ, chacun intervient selon son profil de compétences : sur le secteur professionnel, l’accompagnement de groupe, pour les relations avec l’école ou pour une visite à domicile, pour la préparation au permis de conduire, la vigilance santé… Nous avons aussi un temps de psychologue, précieux pour l’évaluation et l’écoute. Et Marie-Cécile Perdrizet, cheffe de service, coordonne l’équipe. »
Quel type de projets réussissez-vous à construire ? Karine Boulin : « C’est très varié ! L’an dernier, un jeune qui présentait des troubles du comportement et qui avait un suivi judiciaire est venu me dire que son projet, c’était de dormir ! Avec six mois de PCPE, on l’a accompagné vers un CAP en boulangerie et son maître d’apprentissage dit de lui qu’il finira patron. C’est une vraie remise en selle. Une jeune fille de 15 ans totalement déscolarisée est arrivée avec un diagnostic tout récent de troubles autistiques. On a commencé par des jeux de société, des sorties éducatives pour tisser le lien et elle a pu formuler son projet de reprendre une scolarité. Elle est actuellement au lycée avec un projet de bac en quatre ans. C’est à la carte !
Cédric Mattesco : « Oui, c’est du cousu main. Partir du projet du jeune et avancer pas à pas. Prendre le temps de l’évaluation et rappeler parfois le principe de réalité. On ne peut pas sortir de l’IME à 20 ans et devenir vétérinaire comme le souhaitait un jeune. On pratique donc des bilans de niveau et il faut obtenir l’adhésion du jeune pour chaque objectif. »
Comment ces prises en charge sont-elles décidées ? Cédric Mattesco : « La MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) notifie les projets et heureusement, elle sait répondre aux situations urgentes qui nous sont parfois présentées en amont de la décision. Nous avons aussi un partenariat étroit avec la Mission locale, le secteur de la psychiatrie, l’école de la deuxième chance (E2C), l’Éducation nationale, CAP Emploi… Les réponses transversales avec réassurance et souplesse sont indispensables. Des principes valables pour tous, bien au-delà du handicap… »
(*) Établissement géré par l’Alefpa (Association laïque pour l’éducation, la formation, la prévention et l’autonomie), dont le siège est à Lille.