Les faits se sont déroulés le 24 mars dernier, vers 10 heures. Alerté par l’un de ses administrés, Dany Jouffroy, maire de Vielprat, se rendait sur les lieux d’un chantier touchant à l’urbanisme, pour en vérifier la conformité. Sur place, trois hommes étaient affairés à planter des piquets d’environ 4 mètres de haut, dans le but de poser un brise-vue.Très vite, le ton montait entre le mis en cause de 77 ans, venu aider son cousin, et l’élue. Des insultes étaient proférées. Des menaces aussi : « Il y a une solution pour vous la faire fermer, c’est de vous en tirer une dans la tronche », lâchait-il. Très énervé, le septuagénaire se dirigeait vers la maire avec le poing levé avant de s’arrêter. La scène a été filmée par un témoin. Étudiée par les enquêteurs, cette vidéo a mis en évidence un dialogue pour le moins houleux, des insultes et des menaces.À la barre, le prévenu a reconnu en partie les faits, mais il a tenu à recontextualiser la scène : « Elle est arrivée sans dire “Bonjour”, mal polie, méchante et insultante. Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? », a-t-il lancé à la présidente du tribunal qui a répondu : « Sûrement pas ce que vous avez fait. »Le septuagénaire, au casier judiciaire vierge, a reconnu avoir agi sur le coup de la colère : « J’ai démarré comme ça, mais je me suis arrêté et je suis parti. Je n’ai jamais agressé ou fait du mal à quiconque, encore moins à une femme. » Lassé par ces quatre dernières années où il disait ne pas avoir été accepté dans la commune, l’intéressé souhaite maintenant vendre sa maison et partir en Ardèche, pour « préserver sa santé ».
« C’est un délit »Invitée à témoigner à la barre, Dany Fouffroy a réfuté toute insulte de sa part et a indiqué avoir « eu peur ». Son conseil, Me Kathy Breysse, a évoqué une affaire « assez détestable, avec des faits parfaitement caractérisés et un prévenu qui minimise sa responsabilité. De plus, les piquets ne sont pas aux normes, une procédure est en cours ». Cette dernière a demandé 800 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral de la plaignante, ainsi que 1.500 euros au titre des frais engagés.Également partie civile dans cette affaire, l’association des Maires de France en Haute-Loire, par la voix de son secrétaire général, Jérôme Bay, a relevé « de graves agissements contre une élue en fonction. Nous souhaitons une réponse ferme de la justice ». Un euro symbolique a également été requis. Pour le Ministère public, « il est intolérable de s’en prendre aux représentants de l’État. C’est un délit. Une loi a été votée en mars dernier concernant ce type d’agissements ». Une peine de 2 mois de prison avec sursis a été requise, ainsi que la privation des droits civiques, civils et de famille pendant 3 ans.Il revenait à Me Edmond Achou de défendre le septuagénaire, en évoquant « une présentation des faits tronquée. Il y a un abus de droit concernant l’urbanisme. Il y a également un abus d’impolitesse. Ça ne se fait pas de s’adresser à un homme de 77 ans comme elle l’a fait. Un maire n’est pas toujours blanc comme neige ».Reconnu coupable des faits qui lui étaient reprochés, le prévenu a été condamné à une peine de 2 mois de prison avec sursis. Il devra payer 400 euros au titre du préjudice moral de la maire et 1 euro à l’association des Maires de France en Haute-Loire.
Cédric Dedieu