La petite fille, âgée de 3 ans, faisait sa première rentrée en école maternelle, dans une commune rurale du Puy-de-Dôme. Un moment émouvant qui a aussi révélé une effroyable réalité. Il y a d’abord, le 2 septembre 2022, cet énorme hématome sur son front. Elle a aussi les yeux gonflés et très douloureux. Un premier signalement est effectué. Une enquête est déclenchée. Les blessures suspectes s’enchaînent. Le 23 septembre, la fillette apparaît, cette fois, avec des bleus au niveau des lombaires. Dans les jours qui suivent : une nouvelle bosse sur le haut du visage, des cheveux arrachés, des lésions sur les cuisses…
Le couple fait blocL’inventaire, par la présidente de l’audience, des innombrables sévices subis par la petite victime, glace le sang. À la barre, en revanche, sa mère et son beau-père, accusés de les lui avoir infligés, manifestent peu de réactions.
On est frappé par leur jeunesse. Elle, 25 ans, silhouette menue et regard inquiet. Lui, même âge, bras croisés et air circonspect. Tous deux font bloc. Ressassant ce qu’ils soutiennent depuis le début de la procédure : non, ils n’ont jamais touché la petite fille. "À part nous, personne ne s’est penché sur l’école…", maugrée le jeune homme.
Les confidences de l’enfant, recueillies lors de ses séjours à l’hôpital ou dans la famille où elle a été placée, sont pourtant sans ambiguïté. "Charly (*) m’a tiré les cheveux, il m’a poussé dans les escaliers, maman n’est pas triste pour moi", livre-t-elle.
"Je n’ai jamais mis une seule fessée à ma fille et la dernière fois que je l’ai vue, elle me faisait un câlin", s’insurge la jeune mère. Me Alexandra Petit, avocate du père biologique, évoque au contraire "un rejet massif" de l'enfant vis-à-vis de sa mère, la conduisant à déchirer la photo de celle-ci.
"Elle a subi un déchaînement de violences et elle va devoir se construire avec ça."
La partie civile et le ministère public, représenté par Bérangère Sénéchal, attendaient des explications, une reconnaissance. "On restera sur notre faim", se désole cette dernière. Pour la procureure, pas de doute, les violences ont bien été commises par le jeune couple. Face à ces faits "particulièrement graves", elle demande deux ans de prison, dont un avec sursis probatoire, pour les deux prévenus, la partie ferme pouvant être aménagée.
Rôle de la mère ?La fillette a été violentée, convient Me Evelyne Ribes, avocate de la mère. « Mais je conteste le fait qu’on puisse imputer ces violences à ma cliente. Il y a ce qu’un enfant peut dire et ce que les adultes veulent entendre. »
La relaxe demandée n’est pas accordée. Le tribunal suit les réquisitions du parquet.
(*) Prénom modifié
Olivier Choruszko