La justice soupçonne le parti d'extrême droite d’avoir eu recours à des emplois fictifs au Parlement européen de 2004 à 2016 : des assistants parlementaires d’eurodéputés FN auraient, en fait, travaillé pour le parti. Le procès s'ouvre lundi 30 septembre à Paris, avec notamment Marine Le Pen, Julien Odoul et Bruno Gollnisch sur le banc des 27 prévenus. Le délibéré est attendu le 27 novembre.
Entre octobre 2014 et juillet 2015, il aurait été rémunéré 4.077 euros brut par mois dans le cadre d’une enveloppe de 21.000 euros dont dispose chaque député européen pour embaucher des assistants parlementaires. Mais Julien Odoul n’aurait jamais travaillé auprès de Mylène Troszczynski. Il apparaissait même dans l’organigramme du FN, en tant que membre du cabinet de Marine Le Pen.
Dans l’ordonnance de renvoi devant le tribunal judiciaire de Paris que nous avons pu consulter, un faisceau d’indices est mis en exergue pour prouver que l’essentiel de son travail avait trait à l’organisation de déplacements, la rédaction de discours et de communiqués de presse pour le compte de Marine Le Pen ou de son cabinet. Une perquisition menée chez lui n’a pas permis de retrouver trace d’une quelconque mission effectuée pour Mylène Troszczynski, jusqu’au dépôt de plainte du Parlement européen, le 9 mars 2015.
Peu d’échangesLes téléphones des deux protagonistes ont aussi été passés au crible par les enquêteurs. Ils ont constaté qu’entre le 10 octobre 2014 et le 23 juillet 2015, ils n’ont échangé que dix-huit communications : dix entre le 10 et le 19 octobre 2014, au moment de son embauche, six entre le 15 et 23 juillet 2015, lors de la suspension de son contrat. Seules deux communications auraient ainsi été passées pendant le contrat entre la députée et son assistant.
Plusieurs échanges ont aussi interpellé les enquêteurs. Quatre mois après son embauche, le 10 février 2015, Julien Odoul aurait adressé le mail suivant à Marine Le Pen : « Marine, serait-il possible que je vienne à Strasbourg demain pour voir comment se déroule une session au PE, rencontrer députés et assistants et faire la connaissance de Mylène Troszczynski à qui je suis rattaché?? » « Oui, bien sûr », lui aurait répondu la cheffe du parti.
Contacté mercredi 25 septembre 2024 pour réagir à ce procès, Julien Odoul ne fait « pas de commentaires. » Lors d’une audition, il a concédé avoir travaillé au cabinet de Marine Le Pen « pas au sens plein du terme, mais je me suis retrouvé à le faire parce que j’avais du temps puisque Madame Troszczynski m’avait laissé cette latitude. »
Antoine Compigne Follow @an_compigne
