Toutes mes félicitations d’abord : cinquante ans après votre disparition vous faites la couverture du meilleur magazine français : Schnock. Ne le prenez pas mal. Schnock, c’est le contraire de ringard. Faire la couverture de Schnock, c’est tout simplement réservé à l’élite de la nation. C’est du lourd, du sérieux, de l’iconique : Bardot, Belmondo, (Delon aussi mais je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie de l’affaire Markovic) et même votre copine Françoise Sagan. Vous êtes donc en bonne compagnie…
Parmi les présidents de la Ve RépubliqueCher monsieur PompidouCinquante pages vous sont consacrées. La modernité de l’époque, c’est l’archaïsme d’aujourd’hui. Vous rêviez de vitesse, de bagnoles, d’avions supersoniques… Le Concorde est désormais au musée de l’aviation et la vitesse sur le périphérique parisien sera limité à 50km/h à partir de mardi prochain.Mais il serait injuste de ne garder que cet aspect de votre mandat présidentiel car vous avez également eu de très bonnes initiatives. Ainsi, vous avez rétabli le plateau de fromage à la table élyséenne. Souvenez-vous : il avait été supprimé de manière inique par le général de Gaulle qui trouvait que les repas s’éternisaient dans son palais provisoire.
Vous, n’écoutant que la force de votre conviction, la passion des terroirs, la mise en avant de l’excellence française, vous avez mis à l’honneur les produits de l’affinage, en particulier le cantal, le saint-nectaire et la fourme d’Ambert car vous n’étiez pas auvergnat pour rien.
À la page 66 de votre Schnock, je m’aperçois que vous êtes parmi tous les présidents de la Ve République représentés en ombres chinoises, celui dont je suis le plus proche. Vous mesurez en effet 1,81m, c’est-à-dire un centimètre de plus que moi. Si je surplombe Macron, Hollande, Sarkozy, ainsi que Mitterrand, je dois bien avouer que je suis nettement dominé par Chirac, Giscard et Charles de Gaulle qui dépasse tout le monde, notamment avec son mètre quatre-vingt-seize.
De Paul Éluard à Louis AragonUn homme qui aime le fromage et la poésie ne peut pas être un homme sans qualités. Vos mots étaient choisis, vos références littéraires et votre parole parcimonieuse. Sur ce point-là, on ne peut pas dire que vous ayez été une source d’inspiration pour le président actuel.On se souvient de vous citant Paul Éluard après le suicide de Gabrielle Russier. Dimanche dernier, au journal de France 2, le nouveau Premier ministre a choisi de citer Louis Aragon.Pour vous ainsi que pour monsieur Barnier, c’est bien quand la droite s’occupe d’économie et la gauche d’écrire des poésies.À l’occasion, il faudrait peut-être à nouveau tenter le contraire.
François Morel
Les chroniques du temps présent s'inscrivent dans la tradition créée par Alexandre Vialatte.
