Resté dans la même famille pendant six siècles, jusqu’à l’an 2000, le site de Montautre a connu peu de bouleversements au fil du temps. Seuls un manoir médiéval et ses dépendances y ont été construits. Une aubaine pour les archéologues qui voient dans ce point dominant de Fromental, occupé depuis le Néolithique, un nouveau terrain de jeu.
De nombreux vestiges ne laissent guère de doutes sur l’existence d’un édifice important dans les premiers siècles de notre ère. Des trouvailles que le propriétaire Serge Lacaze conserve précieusement dans les écuries médiévales du château.
Des vestigesIl passe en revue le fragment d’une meule gauloise, une pierre de corniche en granit ou encore une « pierre de petit appareil », dont la forme a aiguisé l’intérêt des chercheurs. « C’est un élément de construction standardisé que l’on retrouve sur les sites romains », décrit Margaux Ranty, une des trois élèves en archéologie qui ont commencé des fouilles cet été.
Un coffre funéraire gallo-romain.
À l’extérieur, des coffres funéraires gallo-romains – des morceaux de granit ronds percés en leurs centres qui contenaient jadis des urnes en céramique – jalonnent le jardin et de mystérieuses colonnes monolithiques se dressent à l’entrée du château. « Elles sont très rares dans le Limousin et pourraient être antiques », commente Serge Lacaze, propriétaire du site de Montautre depuis 2017 et bien décidé à percer ses mystères.
Des colonnes monolithiques.
Des textes« Il faut mentionner également la présence sur le site d’un fragment de borne milliaire, qui a été authentifié. Elle délimitait les routes romaines et faisait 2 mètres de haut à l’origine », continue-t-il. Ce morceau de pierre a probablement été rapporté de la voie romaine qui reliait pendant l’Antiquité Argenton-sur-Creuse à Saint-Goussaud, et qui se trouvait à quelques encâblures du site de Montautre et en faisait donc une position idéale pour le culte d’une divinité.
Un fragment de borne milliaire.Un écrit du XIXe siècle fait mention d’un temple dédié à Mercure sur le site de Montautre, un autre de la même époque localise précisément un monument gallo-romain à 200 mètres du château. « C’est ce qui nous a mis la puce à l’oreille et nous a donné envie de fouiller », restitue Claire Leleu, une autre étudiante.
Des fouillesLes archéologues ont jeté leur dévolu en cette fin d’été sur une portion bordée de buis, sans succès. « L’objectif était de rechercher des fondations gallo-romaines, mais nous n’en avons pas trouvé, ni de mortier de chaux ou de tuiles, qui auraient pu évoquer une construction de l’époque », détaille Margaux Ranty. Une perle probablement plus ancienne que l’époque gallo-romaine a toutefois été exhumée.
Une perle datant probablement d'avant notre ère.
Les chercheurs devraient continuer à fouiller d’autres sites potentiels dans les années à venir, notamment en utilisant des données Lidar. « On sait qu’il a existé un monument gallo-romain important, cela peut être un temple, mais aussi des monuments funéraires ou une villa dotée d’une nécropole », suggèrent le propriétaire et les élèves en archéologie.
Guillaume Bellavoine