« Aussitôt démarrées, aussitôt finies ! » Voici à quoi ressembleront les vendanges du prochain cru, aux Terrasses de La Vidalie, chez Isabelle et Serge Broha.
À Vieillevie, ceux qui domptent les vertigineuses pentes des gorges du Lot n’avaient plus connu ça depuis 2021. « Cette année-là aussi, il y avait eu des gelées au mois d’avril… Les mauvais épisodes se resserrent de plus en plus », observe Serge Broha.
Dans la nuit du 18 au 19 avril, le gel tardif a frappé de nouveau, esquintant 80 % des pieds, tous cépages (chenin blanc, fer servadou et cabernet franc) confondus. La vigne avait quinze jours d’avance, alors elle a d’autant plus souffert. « Nous avions fait de la taille tardive pour essayer de retarder le plus possible, mais ça n’a pas marché. Le contre-bourgeon est reparti, mais, dans 80 % des cas, il n’a pas été fructifère. Ça a fait des feuilles… mais il n’y a pas de raisin ! »
Maigres vendangesRouge, rosé et blanc, bien sec. Les Broha, qui cultivent deux hectares de vignes, ne devraient produire que 2.500 bouteilles du millésime 2024, contre 10.000 en moyenne. Les vendanges, qui ne commenceront pas avant octobre, seront si maigres que les vignerons ne feront appel à aucune main-d’œuvre supplémentaire. « Nous avons aussi eu une énorme pression de mildiou tout au long de l’année », ajoute Serge Broha.
« Il nous a manqué du soleil », résume-t-il, fondant désormais tous ses espoirs sur le cru 2025. « Ma ligne de conduite : ne jamais arrêter sur une défaite. Pour avoir de la vigne, il faut être passionné, donc on ne va pas la laisser tomber ainsi ! Normalement, elle rend le travail que vous lui faites. Si vous n’allez jamais la voir, vous n’aurez jamais rien. Si vous allez la voir de temps en temps, elle vous donnera quelque chose, à un moment ou l’autre… »
Les braseros n'auront servi à rienDans cette fameuse nuit du 18 au 19 avril, Sébastien Lavaurs s’était levé aux aurores et avait allumé des braseros afin de tenter de lutter contre le gel tardif. Avec le recul, cinq mois après, le vigneron de Montmurat est formel : cela n’a servi à rien. La parcelle (près d’un hectare) enfumée pour l’occasion n’a pas été sauvée. « Je l’ai considérée comme perdue », déplore-t-il.
Dans son domaine des Orchidées sauvages, les vendanges auront une vingtaine de jours de retard. Ses ceps de souvignier gris, qui servent à produire du vin blanc, ouvriront le bal. En attendant, Sébastien Lavaurs s’inquiète. « Les conditions météo de cette fin d’été ne sont pas favorables. L’humidité abîme les grappes en place. Si ça patine trop, les raisins peuvent pourrir avant d’arriver à maturité. »
Clôtures et effaroucheursIl guette également les dégâts occasionnés par les blaireaux, les étourneaux et les merles, qui picorent jour et nuit. Autour de ses pieds de souvignier gris, Sébastien Lavaurs a donc posé une petite clôture repoussant les animaux. Il s’est aussi muni d’un effaroucheur sonore : ce dispositif, alimenté par panneau solaire, émet des cris de rapaces par haut-parleur pour effrayer les oiseaux s’approchant trop près des vignes.
Mais le cru 2024 s’annonce maigre. « Au moins 50 % de pertes », annonce le vigneron de Montmurat, qui table sur une récolte d’environ 40 hectolitres contre 100 espérés.
Romain Blanc
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