Casquette avec des dessins de champignons, tee-shirt à la girolle souriante à l’effigie de sa chaîne YouTube, il est facile de comprendre ce qui anime Toni. Au volant de sa Dacia, l’homme de 54 ans arpente les forêts auvergnates depuis plus de 30 ans. Véritable passionné, il a tout appris en autodidacte et s’est lancé sur YouTube il y a huit ans en créant sa chaîne girollesatube9164.« À chaque fois que je sortais en forêt, je prenais en photo ce que je trouvais. Je filmais aussi, mais je gardais ça pour ma famille et moi. Un jour, mon fils m’a dit de me lancer sur YouTube, c’est ce que j’ai fait », raconte le Puydômois.
Une communauté activeAujourd’hui, la chaîne regroupe 3.180 abonnés, de quoi créer une vraie petite communauté. « Ce sont des gens qui attendent mes vidéos. C’est très bienveillant, j’ai même créé des liens avec d’autres youTubeurs qui partagent la même passion. »Après une demi-heure de route, Toni arrive dans une forêt où il a trouvé ses plus beaux cèpes. Mais, aujourd’hui, il n’est pas très optimiste : « On va essayer de voir où en est la pousse. De toute façon, on ne trouve pas des champignons en restant dans son canapé ! »Petites girolles que Toni préléveIl descend de sa voiture, prend son panier et un bâton de marche. Depuis une opération à la hanche, l’ancien plaquiste limite un peu plus les sorties. « Je vais à des endroits où ça monte un peu moins, indique Toni. Après mon opération en mars, je ne voulais pas louper la saison des morilles, je suis sorti en béquilles avec des amis. Ma kiné et ma femme n’étaient pas très contentes », enchaîne-t-il en rigolant.La prospection commence, le cinquantenaire connaît l’endroit comme sa poche. En plein milieu de la forêt, il parvient même à se rappeler des souches exactes où pousse un champignon en forme de chou-fleur : le sparassis crépu. Les anecdotes fusent, Toni se remémore les récoltes exceptionnelles vécues ici.
Des coins secrets« C’est là que j’ai trouvé mon plus beau cèpe. Une année, il y en avait une vingtaine sur toute cette partie. Il fallait le voir pour le croire ! », s’exclame-t-il en montrant du doigt une section moussue et dégagée de la forêt. Comme tout bon cueilleur de champignon, Toni garde bien secret ses meilleurs coins, même si, des fois, il en fait profiter à des amis. « J’essaye de ne pas trop le faire ou alors avec des personnes de confiance. Parfois, on le dit à un ami, qui le dit à un ami et, après, ça devient n’importe quoi. »Comme annoncé par Toni tout à l’heure, la récolte n’est pas très bonne ce jour-là. Cela ne l’empêche pas de sortir son téléphone pour filmer ses trouvailles et les présenter à ses abonnés. « Ce qui m’intéresse, c’est la variété des espèces que je croise », indique-t-il, après avoir filmé un bolet amer, un champignon toxique.Depuis qu’il a créé sa chaîne, le YouTubeur a fait l’achat d’un petit support pour installer son téléphone : « Je trouve que ce qui est important, c’est de rester authentique. Même si je bute sur un mot, ce n’est pas grave, je ne fais que rarement d’autres prises. »Toni filme un bolet à pied rouge, espèce comestible souvent méconnu des amateurs de champignons
Le panier est obligatoire !Toni profite de la balade pour rappeler les comportements à éviter en sortie champignon. « La règle d’or, c’est de ne pas ramasser ce que l’on ne connaît pas. Après, il y a ceux qui ne font pas très attention, qui ramassent des bolets en pensant que c’est comme des cèpes ». Et de dégainer un vieil adage : « Tous les cèpes sont des bolets mais tous les bolets ne sont pas des cèpes ! »Pour la cueillette en elle-même, le cinquantenaire conseille vivement le panier, « le sac en plastique pouvant rendre votre belle récolte toxique ! »La météo joue aussi un grand rôle puisque le champignon est composé à 85 % d’eau. Un temps humide, les jours précédant la sortie, est primordial. « Lorsqu’il y a un orage de grêle, c’est encore mieux. Il va y avoir un choc thermique et les grêlons vont fondre petit à petit apportant de l’humidité. »
Patient et motivéUne fois sorti de la forêt, et malgré un panier vide, Toni garde le sourire. « Les champignons ce n’est pas une science exacte, aujourd’hui ça n’a pas été ça mais peut-être que, dans quelques jours, j’en trouverais plein. Il faut être patient et ne pas baisser les bras. Parfois, vous pouvez aller dans une forêt et ne rien trouver puis, en rentrant à la voiture, tomber sur des cèpes ! C’est ce qui est bien, on ne sait jamais ce qui nous attend. »Toujours optimiste, le passionné de champignons range son téléphone et repart, content de s’être baladé en forêt et d’avoir partagé ses connaissances avec ses abonnés. Le bolet amer à son état jeune ressemble beaucoup au cèpe de Bordeaux
Gustave Pinard