Il porte le nom de tigre. Mais il ne s’agit pas du fameux moustique, encore moins du grand félin qui vit en Asie. Non, cette espèce-là est une punaise qui élit domicile sur les platanes. D’où son nom : le tigre du platane.À Vichy, l’insecte a tout naturellement pris ses quartiers dans le parc des Sources, où la très grande majorité des arbres présents sont de la famille des Platanacées. Un endroit paradisiaque pour ces punaises mesurant seulement entre 3 et 4 millimètres mais qui ont la fâcheuse tendance à créer des dégâts dans leur habitat. « Ils se nourrissent du contenu des cellules des feuilles qui, du coup, jaunissent », vulgarise Dominique Scherrer, directeur des espaces verts de la ville de Vichy.
Au-delà de cette nuisance d’ordre esthétique, l’action de ces insectes peut avoir des conséquences néfastes sur la santé des jeunes platanes, comme ceux qui ont été alignés le long de l’allée centrale du parc des sources ou autour du kiosque du Fer à cheval.Le tigre du platane mesure seulement entre 3 et 4 millimètres mais il fait des dégâts sur les feuilles.« Ces petites bêtes viennent entamer une bonne partie des réserves de ces jeunes sujets qui n’ont pas un système racinaire très développé », précise Franck Rouzier, de la société Brins d’herbes services, notamment spécialisée dans les soins en végétaux.Pour éviter de les affaiblir et au contraire leur permettre une bonne reprise au printemps prochain, la ville a décidé de faire appel à cette entreprise basée en Haute-Loire. « Les tigres du platane peuvent avoir deux à trois générations par an. Le but, avec ce traitement, est de se prémunir d’une éventuelle troisième génération », indique Dominique Scherrer.
Un traitement 100 % biologiqueL’intervention a eu lieu dans la soirée, jeudi 5 septembre. En deux heures et trente minutes, à l’aide d’un véhicule doté d’une cuve et d’une lance, 71 arbres ont été abondamment arrosés d’une solution 100 % biologique.
« Depuis 2017, on a interdiction d’utiliser des produits chimiques en milieux ouverts au public, rappelle Franck Rouzier, de la société Brins d’herbes services. Là, on pulvérise des micro-organismes, que l’on appelle nématodes. On utilise deux variétés de ces vers microscopiques : l’une active sur la basse température, l’autre durant des températures plus élevées », détaille Philippe Rouzier.
Un spectacle inattendu pour les clients des bars attablés aux terrasses du Fer à cheval, ce soir-là. Et une intervention que les patrons de ces commerces espèrent salutaires. Car si les tigres du platane ne présentent pas un danger en termes de santé publique, ils occasionnent une gêne pour les promeneurs et les riverains des parcs.
" Ça pique, ça pince, c’est très pénible. Quand je rentre chez moi, j’en retrouve plein sur moi, dans mes cheveux"
« Quand il fait chaud et sec, ils ont besoin d’eau et ils ont tendance à venir chercher la transpiration des humains », explique Dominique Scherrer. Depuis qu’elle a repris Le Lapin, un bar à vins et tapas du Fer à cheval, Mélina Duys a eu l’occasion de faire connaissance avec ces petites bêtes plutôt envahissantes.« Ça pique, ça pince, c’est très pénible. Quand je rentre chez moi, j’en retrouve plein sur moi, dans mes cheveux », témoigne la commerçante, qui nettoie régulièrement ses tables couvertes de petits points noirs, issus des déjections et des larves de ces insectes originaires du continent américain, arrivés en France dans les années 70.
Olivier Rezel
