C’est l’une des toutes dernières réalisations de l’Agglo en matière de gestion de l’eau. Mise en service cette année, la station de neutralisation de Saint-Yrieix-les-Bois permet d’enrichir en calcaire l’eau issue de captages, celle-ci étant, dans nos contrées, naturellement acide. Ce qui permet d’améliorer sa qualité pour la consommation humaine. Mais aussi de la rendre moins agressive pour les canalisations, et donc d’augmenter leur durée de vie.
12 millions d'euros investis en quatre ansCet investissement de 478.830 euros a été co-financé par l’intercommunalité, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (50 %) et le Conseil départemental de la Creuse (10 %). Il s’inscrit dans un ensemble de plus de 12 millions d’euros, mobilisés par le Grand Guéret et ses partenaires (5 millions de subventions de l’agence de l’eau et du Département) depuis 2020.
Car cela fait quatre ans que la communauté d’agglomération a hérité des compétences « eau et assainissement ». Compétences qu’elle a fait le choix d’assumer en régie directe. L’Agglo organisait, mardi 10 septembre, un point d’étape, pour faire un premier bilan des actions menées depuis 2020 dans ce cadre.
Les élus communautaires, au premier rang desquels figuraient le président de l’Agglo Éric Correia, et Jacques Velghe, vice-président en charge de l’eau et de l’assainissement, ont visité des équipements récemment réalisés, en compagnie de la préfète de la Creuse Anne Frackowiak-Jacobs et Stéphanie Blanquart, adjointe au directeur de la délégation Poitou-Limousin de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
« Il s’agit de rendre visible ce que l’on ne voit pas et qui paye », indique Éric Correia, en évoquant les divers chantiers engagés par le Grand Guéret, bien souvent sans que les habitants en aient connaissance. Car si l’élu précise que les usagers financent le service en s’acquittant de leurs factures d’eau, selon le principe « l’eau paye l’eau », les collectivités sont également mises à contribution. Et ce dans un contexte où celles-ci ont « de moins en moins de recettes », commente Éric Correia.
Des eaux usées filtrées à l'aide de roseaux4,6 millions d’euros ont été dépensés en quatre ans pour renouveler 28,6 km du réseau d’eau, sur les 1.093 que compte le Grand Guéret, détaille l’Agglo. Alors que, sur la même période, les travaux de renouvellement du réseau d’assainissement ont coûté 2,2 millions d’euros. Près de 5 millions d’euros ont par ailleurs dû être mobilisés pour financer des travaux sur des unités de traitement, des équipements divers ou encore des études.
Avant de se rendre à Saint-Yrieix-les-Bois, la délégation a découvert le fonctionnement de la station de traitement des eaux usées de Saint-Sulpice-le-Guérétois. Une façon pour l’Agglo d’illustrer sa reprise en main du volet « assainissement », en insistant sur sa volonté de préserver la qualité de la ressource.
Aménagé en 1983, le site de Saint-Sulpice a été en effet rénové en 2022 pour augmenter sa capacité d’épuration (passée de 600 habitants à 740) pour un coût de 527.700 euros. Et ce, en adoptant une solution qualifiée « d’écologique et durable » par l’Agglo. Les eaux usées sont traitées via un ensemble de filtres plantés de roseaux.
La station de traitement des eaux de Saint-Sulpice-le-Guéretois se compose d'un ensemble de filtre avec roseaux.
Un processus naturel et économe en énergie : une symbiose entre le système racinaire des plantes et des bactéries rendent les boues assimilables par les roseaux. L’eau peut être redirigée en fin de process vers le petit cours d’eau bordé d’une prairie humide qui voisine la station.
En Creuse, quelles sont les missions de ces agents de l'Office français de la biodiversité engagés au service du vivant ?
Un accord de "résilience" avec l'agence de l'eauDurant le point d’étape de mardi dernier, l’Agglo a particulièrement insisté sur l’aide que lui apporte l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, avec qui l’intercommunalité a signé un accord dit de « résilience » pour la période 2022-2024.
Portant sur la sécurisation et la réduction de la consommation d’eau, ce contrat comprend un axe visant à structurer la mise en place d’un Syndicat mixte de production et d’interconnexion d’eau potable de la Creuse (SMPIEP 23).
Regroupant plusieurs Unités de gestion de l’eau (UGE) de Creuse, dont le Grand Guéret, l’initiative vise à mutualiser des moyens pour la maintenance et le renouvellement des équipements concernant l’alimentation des populations en eau potable. Mais aussi à réfléchir à la mise en place d’interconnexions des réseaux, à l’heure où la recrudescence des sécheresses provoque des difficultés d’approvisionnement dans certains secteurs.
Les élus et la préfète Anne Frackowiak-Jacobs l’ont d’ailleurs martelé : dans un contexte de changement climatique, la « sobriété » doit être le maître-mot. Mais aussi le partage de la ressource, Jacques Velghe rappelant à ce propos que l’eau est « est le patrimoine commun de la nation » et qu’elle « n’est pas un bien » appropriable par qui que ce soit.
François Delotte