Lucas Tauzin est peut-être le chaînon qu’il manquait à la ligne de trois quarts clermontoise, surtout au milieu de terrain. Un profil créateur capable de jouer debout et de passer après contact. Cet élément capable de bonifier le moindre espace s’offrant à lui.
George Moala franchit énormément la ligne d’avantage mais a parfois du mal à faire jouer derrière lui. Léon Darricarrère a de bonnes mains mais c’est également un franchisseur. Quant à Irae Simone, on n’a pas encore vu à Clermont ce centre qui effectuait de grosses différences avec la franchise australienne des Brumbies. La panoplie de Lucas Tauzin vient justement compléter les différents profils de ses nouveaux partenaires.
De ses sept saisons passées du côté du Stade Toulousain, le joueur de 26 ans a bien évidemment baigné dans cette philosophie basée sur le mouvement, où l’on essaie de faire vivre coûte que coûte chaque ballon. C’est d’ailleurs pour cela que l’ASM Clermont est allé chercher Lucas Tauzin alors en manque de temps de jeu du côté d’Ernest-Wallon.
« Il est venu pour cela, s’exclame Christophe Urios. Quand tu sors du Stade Toulousain et que tu y as passé beaucoup de temps, tu possèdes certains réflexes. Notamment sur le jeu debout et les déplacements. Ils sont très forts là-dessus. Lucas apporte beaucoup d’agressivité dans les duels grâce à son physique et est donc capable de faire jouer derrière. C’est un profil que l’on n’avait pas forcément. »
"La veille de Pau, je n’ai pas dormi de la nuit"Illustration faite samedi dernier lors de la victoire face à Pau (39-7). Pour sa première sortie avec le maillot clermontois, Lucas Tauzin a démontré tout ce qu’il pouvait apporter à l’animation offensive de l’équipe. S’il a parfois abusé de petits jeux au pied rasant, il a en revanche plusieurs fois porté le danger dans la défense adverse. Comme sur le premier essai de Killian Tixeront où le centre fixe parfaitement le dernier défenseur (Clément Laporte) pour décaler ensuite son troisième ligne sur une passe au contact.
Au total, Lucas Tauzin aura gagné 26 mètres, « breaké » une fois et effectué un offload synonyme de passe décisive. Un match complet pour Lucas Tauzin qui se défend d’un quelconque héritage toulousain.
« Le rugby reste du rugby. On a aussi envie à Clermont de produire du jeu et d’écarter les ballons. Après, il n’y a pas qu’à Toulouse que l’on joue debout. Quand je peux, effectivement, j'essaie de le faire. Et quand je ne peux pas, je garde le ballon comme tout le monde. »
Du côté de Toulouse justement, Lucas Tauzin a essentiellement évolué sur une aile la saison dernière. Inscrivant par là même la bagatelle de 6 essais en 15 matchs disputés. Christophe Urios a d’ailleurs laissé entendre qu’il serait également utilisé dans cette position cette saison. L’ancien toulousain n’y accorde pas trop d’importance. Venu à Clermont pour relancer une carrière des plus prometteuses, Lucas Tauzin ne réfléchit pas à ces considérations.
« Je n’ai eu aucune appréhension de débuter au centre. Au contraire, j’ai plutôt ressenti de l’excitation. La veille du match face à Pau, je n’ai pas dormi de la nuit. Il faut s’adapter à un nouveau système, à de nouvelles annonces ainsi qu’à de nouvelles combinaisons. Mais on s’est bien préparé à tout cela. »
Cette adaptation est peut-être un peu plus facile lorsque l’on a le jeu de mouvement inscrit dans son caryotype de rugbyman.
Arnaud Clergue