C’est comme s’il avait toujours été là ! Dans le quartier de Rivet, avec ses lignes sobres et harmonieuses et ses volumes généreux, tout en bois et en verre, le nouveau bâtiment public, qui regroupe un multi-accueil petite enfance et le centre socioculturel, s’est parfaitement intégré dans le paysage. Gros investissement social et symbole d’une rénovation urbaine profonde de ce quartier prioritaire, il porte le nom de l’écrivain paysan, Claude-Michelet, disparu en 2022.
Du sur-mesure Pierre Migot, le centre a été érigé au cœur du quartier, à côté du théâtre de la Grange. Photo : Stéphanie ParaImaginée par un architecte d’origine briviste, Pierre Migot, le centre a été érigé au cœur du quartier, à côté du théâtre de la Grange, dans le prolongement de la Place des Arcades et à proximité de l’école. Avant son inauguration, prévue en octobre, nous avons pu le visiter, en compagnie du responsable du service des centres sociaux de la ville, Sébastien Penaud.
Cet équipement a été conçu « sur mesure ». « Nous avons été associés à la démarche dès le début, explique-t-il. On a travaillé avec des programmistes et des architectes. Ils nous ont demandé : “Vous avez besoin de quoi ?”, “Qu’est-ce que vous voulez développer ?” » Il faut savoir qu’avant ce projet, pendant quinze ans, les activités du centre socioculturel étaient éparpillées sur cinq sites différents.
Casser les frontièresDans ce quartier briviste « à spectre sociologique large », l’une des missions du nouvel équipement est de casser la frontière entre le haut du quartier, regroupant principalement des immeubles HLM, et le bas, composé des pavillons.
Aux abords du bâtiment, ont été créés un nouveau city stade, un parking, des espaces paysagers et des cheminements piétons. Dans cet espace de calme et de verdure, les habitants peuvent se promener, se poser pour discuter ou faire une partie de pétanque… À côté de l’accueil, se trouve une agréable salle numérique. Photo : Stéphanie Para
Une salle numérique pour les démarches administrativesÀ l’entrée du centre, à côté de l’accueil, se trouve une agréable salle numérique. « On a huit ordinateurs, en circuit fermé, détaille Sébastien Penaud. Les gens peuvent faire leurs démarches administratives, scanner et imprimer leurs documents. S’ils ne sont pas autonomes, on a un accompagnateur en insertion socioprofessionnelle qui peut les aider. En parallèle, on propose aussi des ateliers collectifs pour travailler sur l’autonomie numérique. Et ces ordinateurs sont également utilisés dans le cadre de l’accompagnement à la scolarité. »
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Une palette d’actionsOn continue notre exploration du bâtiment. Sur la droite, une enfilade de trois salles d’activités qui sont utilisées, en grande partie, par l’accueil de loisirs sans hébergement. Elles ont chacune un accès à l’extérieur, ce qui évite des va-et-vient à l’accueil. « Vendredi après-midi, il y a eu une petite boum de fin de vacances pour les enfants, raconte le responsable du site. On met aussi une salle à disposition de l’association, Apprendre avec nous, qui propose des ateliers d’apprentissage de français pour adultes. »
C’est aussi dans ces salles que l’accompagnement à la scolarité reprend à partir du 23 septembre. « On accompagne cinquante élèves de primaire et quinze collégiens qui sont ciblés en collaboration avec les enseignants. Ils sont encadrés par six animateurs et deux ou trois bénévoles », explique Sébastien Penaud.
Nouvel outil, nouvelle dynamiqueÀ gauche, plusieurs petits bureaux sont dédiés, notamment, à l’accompagnement à la parentalité et aux démarches d’insertion. On accède à l’étage. Dans un local chaleureux équipé d’un baby-foot, le centre a accueilli, cet été, tous les jours, entre cinq et 24 jeunes du quartier, âgés de 12 à 17 ans.
À côté, un hall, qui a été pensé pour accueillir des expositions, mène à la salle polyvalente, appelée Rocheflamme, du nom d’un des romans de Claude-Michelet. Nouvel outil, nouvelle dynamique. Dans cette salle se sont déroulés déjà, entre autres, l’assemblée générale du conseil du quartier, un spectacle de danse africaine, un concert des élèves du Conservatoire et un job dating, en partenariat avec France Travail… C’est là aussi qu’ont lieu des ateliers de gym, adulte et senior, et de danse enfant. « Bientôt, on va y organiser un forum sur la création d’entreprises », complète Sébastien Penaud.Le programme d'activité du nouveau centre est construit avec les habitants.
La cuisine fédèreAu même niveau du bâtiment, a été installée une cuisine pédagogique où ont lieu des ateliers avec les enfants et les adultes. « La cuisine, c’est fédérateur. Pour la fête du quartier, début juin, habituellement, on prenait un traiteur, on faisait venir un food truck. Cette année, on a opté pour un repas façon auberge espagnole et on a cuisiné ici, avec les gens, pendant deux trois jours. Il y a eu plus de 200 personnes qui ont mangé. »
À Rivet, le bâtiment du centre a donc été fait « sur mesure » pour des actions qui collent à la réalité du terrain. « On réactualise nos diagnostics au quotidien, pour savoir s’il faut réajuster nos activités en direction de différents publics, insiste Sébastien Penaud. On a une équipe de quinze agents et un médiateur qui sont en contact permanent avec les enfants, les parents, les personnes isolées… »
Ce travail quotidien est toujours guidé par la même philosophie. « On construit le programme d’activités avec les habitants. Nous ne sommes pas là pour faire les choses à leur place. Notre rôle est de les accompagner, les inciter à participer à la vie du quartier. Il faut que les gens soient acteurs, pas consommateurs », conclut Sébastien Penaud.
Pour quel public ? À Rivet, le public du centre socioculturel est moins issu de l’immigration que dans d’autres quartiers prioritaires brivistes. Dans la palette de ses actions, un accent particulier est mis, entre autres, sur les familles monoparentales avec de grandes fratries, confrontées à une précarité financière et des difficultés éducatives et sociales.
Dragan Perovic