À Saint-Ilpize, au pied du château surplombant le village, la Guinguette de Léon, de son petit nom, n’est pas une guinguette comme les autres. Loin de l’imaginaire collectif, cette bâtisse n’est pas exactement située au bord de l’Allier. Et il n’y a pas non plus de guirlandes multicolores, ni même de véritable piste de danse.C’est qu’en réalité, une ginguette ne se résume pas qu’à son décor et à son cadre. « C’est avant tout un endroit convivial », résume Brigitte, assise à l’une des tables de la Guinguette de Léon. Aujourd’hui seule, elle profite presque quotidiennement de ce lieu pour discuter avec Ève-Amandine Chicoutel, qui a racheté cette institution endormie, voilà trois ans.
Bar extérieur, chapiteau, guirlandes et même jeux gonflables au bord de l’eau
Il faut dire que dans ce village d’à peine deux cents âmes, il n’y a guère d’autres endroits pour sociabiliser ou tout simplement pour manger et boire. « Les bars et épiceries les plus proches sont à Vieille-Brioude au Nord, et Lavoûte-Chilhac au Sud », constate Ève-Amandine Chicoutel, dont la guinguette fait également office de dépôt de pain.Et la situation est peu ou prou la même dans le lieu-dit voisin de La Vialette et à Saint-Julien-des-Chazes où se sont respectivement installés Patrice Goigoux et Maxime Gimel, également il y a un an. « Je souhaitais redynamiser le village, confie ce dernier. Il y a bien un petit restaurant, mais il n’est pas toujours ouvert. »La Guinguettina a Saint-Julien-des-Chazes est située à quelques centimètres de l'Allier.
Le succès est au rendez-vous puisque sa Guinguettina, qui ne peut être installée plus proche de l’Allier sous peine de manger les pieds mouillés, fait le plein à presque chaque repas. Cet été, il a ainsi été contraint d’agrandir sa guinguette, en ajoutant un bar séparé à la cuisine. « Et je réfléchis maintenant à acheter un bus à deux étages pour avoir une salle protégée », révèle Maxime Gimel, qui occupe un terrain de son arrière-grand-père.Face au succès de sa guinguette à La Vialette, Patrice Goigoux, surnommé « Patou » par ses clients, a également procédé à plusieurs évolutions par rapport au temps où l’édifice s’appelait encore bar-grill. « J’ai rajouté ce bar extérieur en bois, un chapiteau, des jeux gonflables pour les enfants et évidemment des guirlandes », énumère celui qui est tombé sous le charme des guinguettes après avoir vu une émission télévisée sur le sujet.
Un lieu pour se retrouverChacun justifie le succès grandissant de ces lieux par l’envie des gens de se retrouver, tout simplement. « Ils viennent pour se reposer, pour se désaltérer et surtout pour discuter dans un joli cadre », observe Maxime Gimel. Du haut de sa cuisine surplombant ses tablées, il voit locaux et touristes venus à pied, à vélo ou même en canoë-kayak échanger et jouer ensemble.La guinguette de La Vialette est un ancien bar-grill, située au bord de l'Allier à Villeneuve-d'Allier.
« Je crois que c’est ce qui me donne envie de continuer, s’exclame Ève-Amandine Chicoutel, qui observe le même phénomène du côté de Saint-Ilpize. Au début, jeunes comme plus vieux s’installent chacun à leur table, puis au fil de la journée ou de la soirée, ils se rapprochent et discutent finalement tous ensemble. Il y a tellement d’anecdotes à raconter sur ces rencontres. Des gens qui se rendent compte qu’ils font en fait partie de la même famille, par exemple. Des histoires se font et se défont. »Après plusieurs années de désuétude, les guinguettes ne sont donc pas près de disparaître de nouveau. L’été, et parfois même l’hiver comme à Saint-Ilpize, elles apportent une véritable bouffée d’air frais dans ces villages isolés sur les rives de l’Allier. Et qui sait, dans le futur, d’autres pourraient bien marcher dans les pas de Maxime Gimel, Patrice Goigoux et Ève-Amandine Chicoutel… Patrice Goigoux a rajoute des guirlandes à sa guinguette de La Vialette.
Au bord de l’allierLa Guinguette de Léon. Située sur la route du Pré de Sagne à Saint-Ilpize, elle a la particularité d’être ouverte toute l’année. C’est surtout une buvette.
La Guinguettina. Située au chemin de l’ancien bac à Saint-Julien des Chazes, elle est ouverte jusqu’à mi-septembre.
La guinguette de La Vialette. Située à côté du camping, elle est ouverte jusqu’au mois d’octobre, puis partiellement jusqu’à l’été prochain.
La Belle roulotte. Située dans le lieu-dit Reilhac, elle est ouverte jusqu’à mi-septembre.
Timothé Soulié