Mathieu Bosredon est champion paralympique. Cette fois-ci, on n’a pas besoin de lui répéter 150 fois. Il a compris. Il a savouré. Il a célébré, sur la ligne, en tapant du poing sur son casque.
Avec son compatriote Johan Quaile, quelques secondes après leur nouveau doublé, le boss de la catégorie H3 refait (déjà) la course. « Dans la bosse, j’entendais l’Italien qui implorait : « Mathieu, please, please wait ». Je me suis dit : toi, tu vas voir ». Et tout le monde a vu.
Comme dans un rêveComme la veille lors du contre-la-montre, le Limousin est le plus fort. Deux fois plus fort. À mi-course, il compte une minute d’avance. Sa domination est insolente. Alors, le sort, décidément pervers avec celui qui est devenu paraplégique à quatre ans, s’en mêle. Il a caché une mauvaise surprise dans une flaque d’eau. Mathieu Bosredon tombe dessus. Pneu arrière gauche crevé.
Après la ligne d’arrivée, le Briviste plaisante : « Ils n’avaient pas promis qu’il n’y aurait pas de pluie lors de ces Jeux ? ». Et rembobine le fil de la course : « La voiture de dépannage neutre me proposait des roues mais cela ne correspondait pas à mes axes ».
Il ne panique pas. Continue d’avancer. Vaille que vaille. L’équipe de France finit par le dépanner. Au moment de repartir, ses concurrents le doublent. Il les rattrape. Boit deux gorgées d’eau. Et les attaque aussitôt. Les étrangers ne le reverront plus. Bosredon file vers un nouveau titre paralympique. C’est beau. C’est fort. C’est, tout simplement, comme dans un rêve.
« Le scénario ? C’était calculé pile-poil »Après le podium protocolaire, il débarque en zone mixte, magnifique médaille d’or autour du cou. Il arbore un sourire, celui d’un enfant, content d’avoir joué avec les nerfs de ses parents. « Le scénario de course ? Je sais que les gens ont kiffé, c’était calculé pile-poil ». Il est tellement heureux, Mathieu. Il explique sa stratégie : « Avec la pluie, je n’avais qu’une crainte. C’était de tomber. Je suis parti d’entrée pour prendre le maximum d’avance en cas de besoin ». Il rigole. Toujours : « Cela m’arrive fréquemment de crever. On s’y habitue. J’aurais pu laisser tomber mais je n’ai rien lâché. Et quand ils m’ont rattrapé, après mon changement de roue, je ne leur ai pas fait de cadeaux ».
Et il s’est offert la plus belle des récompenses, celle qu’il attendait depuis huit ans. Il est désormais double champion paralympique. L’enfant de Brive mesure-t-il qu’il a pris une nouvelle dimension ? « Non, je suis le même garçon, je reste Mathieu Bosredon, répond-il. Peut-être que je m’en rendrais compte en rentrant à la maison ». Il conclut : « Je suis vraiment pressé car je pense qu’on va faire la fête ». En Corrèze, tout le monde attend de fêter son champion. Toujours à l’or lorsqu’on l’attend.
A Clichy-sous-Bois, Kevin CaoKevin.cao@centrefrance.com