La victime s’était vu prescrire un certificat médical de 21 jours d’ITT (incapacité totale de travail), blessée par arme à feu. Le 6 juin dernier, ce jeune homme a escaladé la façade de l’immeuble du prévenu afin de s’introduire dans son logement du centre-ville de Thiers. La victime, c’est en fait un "rival" du prévenu, le nouveau compagnon de la conjointe de celui-ci. "J’ai été vexé. Quand votre femme s’en va avec quelqu’un d’autre, c’est normal qu’on ne soit pas bien", déclare le mis en cause âgé de 48 ans.
"Je me suis dit, il va me tuer "Ce n’était pas la première fois que les deux hommes ont eu maille à partir. Le jour des faits, la victime, alcoolisée et sous cocaïne, aurait suivi en voiture depuis le matin le prévenu, « Il m’a embouti à deux reprises, j’ai eu la peur de ma vie », explique le mis en cause.
Sauf que lorsque la victime a pénétré dans le logement du prévenu, ce dernier est allé chercher sa carabine et aurait tiré "par erreur" sur l’intrus. "Je me suis défendu quand il est rentré dans l’appartement, c’est un accident. Lui était complètement fou, il était en transe. Je lui ai dit “rentre pas”, il est quand même entré. Je me suis dit, il va me tuer", explique le Puydômois.
"Il fantasme. La réalité de ce dossier, c’est juste que son ex-compagne l’a quitté pour mon client. Monsieur n’a pas digéré cette rupture. Après cette journée de confrontation, il a décidé d’une explication. Il n’aurait pas dû monter, c’est vrai. Il y aurait dû avoir une désescalade de la violence mais c’est pas ce qui s’est passé", souligne Me Sabrina Oulmi, partie civile.
"Les faits sont établis, il a touché la victime. La question qui se pose, c’est, est-ce qu’il tire en état de légitime défense?? Il faisait jour et c’est vrai que la victime s’est introduite dans son logement par la fenêtre. Mais est-ce que la réponse est proportionnée?? Non, ça ne nécessitait pas un coup de feu. Il avait d’autres options, c’était d’appeler le 17", estime-t-on du côté du parquet.
"Ce n’est pas un écervelé et ce n’est pas un adepte des milices. C’est un homme comme tout le monde. Il a eu peur de mourir. Pour bien comprendre, il faut se remettre dans le contexte. Il y a des différences entre une balle et de la grenaille. C’est un tir réactif à coup fichant. Il n’y a pas eu de visée", affirme Me Mathieu Sigaud, en défense, plaidant la légitime défense. Le tribunal est allé dans ce sens et a finalement relaxé le prévenu.
Julien Moreau