L’association UFC-Que Choisir a réalisé une enquête intitulée "Marketing alimentaire dans la grande distribution : halte aux incitations à la malbouffe !" Dans son viseur, les confiseries présentes aux caisses de certains magasins, malgré la demande de retrait du ministère de la Santé, en 2008.
Pour Daniel Bideau, président de l’UFC-Que Choisir du Puy-de-Dôme et vice-président à l’échelle nationale, le retrait des confiseries, barres chocolatées et autres sucreries aux caisses est "élémentaire".
Pourquoi avoir réalisé cette enquête ?
Depuis très longtemps, l’UFC-Que Choisir se mobilise sur la question de la nutrition chez les enfants. En 2004, l’Agence nationale de sécurité des aliments prenait position sur la suppression des distributeurs de confiserie dans les établissements scolaires, chose que nous avions appuyée fortement à l’UFC.
Dans la continuité, le ministère de la Santé avait demandé aux enseignes en 2008 de retirer les confiseries aux caisses des magasins. Des années plus tard, on se rend compte que le problème est toujours là. Nous constatons que les professionnels sont incapables de s’autoréguler. L’objectif principal était de vérifier la pérennité des initiatives prises en 2008 par les enseignes.
Quel bilan peut-on en tirer ?
Sur les 24 magasins du Puy-de-Dôme dans lesquels nous avons enquêté, 22 d’entre eux affichaient des confiseries aux caisses, soit 92 %. Désormais, elles s’étalent sans aucune limite dans tous les magasins : en tête de gondole, dans les rayons, ou bien avant de passer les articles sur le tapis.
En quoi cette pratique pose-t-elle un problème ?
Il faut penser au contexte actuel. La surconsommation d’aliments trop riches contribue plus que jamais au développement des maladies cardiovasculaires, au diabète et à l’obésité. En particulier chez les jeunes, avec une obésité infantile de plus en plus présente (18 % des enfants de 2 à 7 ans et 6 % des 8-17 ans sont en situation d’obésité, selon une enquête Obépi-Roche de 2020).
Avec ce marketing commercial proposé par les enseignes, tout est de plus en plus accessible : les confiseries sont à portée de main et à des endroits stratégiques. C’est malhonnête de la part des distributeurs et des enseignes. Tout est fait pour que les enfants glissent un paquet de bonbons ou des barres chocolatées dans le Caddie. C’est un fléau alimentaire et nutritionnel.
"Tout est fait pour que les enfants glissent un paquet de bonbons dans le Caddie"
Que demande l'UFC-Que Choisir à la lumière de ces conclusions ?
Nous sommes déterminés à assainir le marketing alimentaire et plus particulièrement celui ciblant les enfants. En suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé et de la Cour des comptes, nous pressons les pouvoirs publics d’interdire sur les lieux de vente les actions marketing pour les produits alimentaires de Nutri-Score D et E ciblant les enfants.
Aussi, nous enjoignons sans délai les magasins du département de retirer, toutes marques confondues, les confiseries aux caisses et de réorienter leurs actions marketing en faveur d’aliments de bonne qualité nutritionnelle.
Propos recueillis par Adrien Fillon