Hexatrek, késako?? Un parcours de randonnée de 3.000 kilomètres qui affiche un dénivelé positif de 140.000 mètres, des Vosges aux Pyrénées. S’il faut cinq à six mois pour le terminer, Jérôme Bonnet l’a, lui, bouclé en 56 jours, en courant. Parti de Wissembourg (Bas-Rhin) le 13 juillet, sac à dos de 5 kg sur le dos, en totale autonomie, le Sanflorain est arrivé à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) le 7 août, après avoir avalé une cinquantaine de kilomètres par jour. Sportif inconditionnel, pratiquant la course à pied, le vélo et du renforcement musculaire à coup de 1.000 heures de sport par an, il n’en est pas à son premier exploit. Et celui-ci est loin d’avoir été un long fleuve tranquille, malgré une excellente préparation, tant physique que mentale.
Deux aventures en uneCar, fort de sa dernière expérience où « j’avais mangé beaucoup de sucre », Jérôme a, six mois avant de partir à l’assaut de l’Hexatrek,
aussi adopté une alimentation presque sans glucides. Cela m’a permis de ne pas avoir de coup de barre et beaucoup moins d’inflammations. Je pouvais manger 12 œufs et une plaquette de beurre par jour?!
Une alimentation cétogène dont il a fait aujourd'hui son hygiène de vie quotidienne. Convaincu de ses bienfaits et fier « d’avoir vécu deux aventures en une : l’hexatrek et le régime cétogène, car je ne savais pas ce que ça allait donner ».
« Les 800 premiers kilomètres, je les ai faits les pieds dans l’eau avec le printemps humide qu’on a connu. Et j’ai chopé un panaris dès le deuxième jour, que j’ai encore d’ailleurs?! Après, dans les Alpes, c’est la neige qui m’attendait, beaucoup de neige, beaucoup trop de neige pour l’époque, ce qui m’a fait dévier plusieurs fois mon parcours. J’ai passé des cols en prenant pas mal de risques. J’ai même failli faire demi-tour à dix mètres du sommet, mais c’est passé. J’ai cassé un bâton et ça a été une belle galère pour en retrouver un?! Un matin, à 2.500 mètres, quand je me suis réveillé, mes chaussures et mes chaussettes étaient gelées. J’ai pas pu les mettre tout de suite. Par contre, entre les Alpes et les Pyrénées, il a fait très chaud. Le temps était plus clément dans les Pyrénées », raconte-t-il. Nourri de « rencontres extraordinaires » au fil du parcours, Jérôme Bonnet n’est pas prêt d’oublier cette aventure, autant sportive qu’humaine. « J’ai partagé un repas avec un trader, un berger perdu très loin dans les montagnes. Plusieurs familles m’ont proposé le gîte et le couvert. J’ai mangé avec des gens dans un camping naturiste. J’ai passé la nuit dans une chambre d’hôtes à 250 € gratuitement. J’ai dormi au bord de l’autoroute, dans un magasin de pergolas… », se souvient-il encore.
Un défi physique, mental et humainCar l’objectif de ce défi, s’il était personnel, il avait aussi, et peut-être surtout, un but pédagogique, sanitaire et solidaire. Au profit de son association « Spondy’Venture », qu’il a créée l’an dernier pour promouvoir le sport santé auprès des malades atteints, comme lui, de spondylarthrite ankylosante. Diagnostiqué à l’âge de 30 ans, il en a 53, Jérôme a alors décidé que « la maladie n’était pas une fatalité » et a ainsi radicalement changé de vie. Il a arrêté de travailler et s’est mis au sport pour atténuer ses maux. Et ça marche.
Le sport m’a sauvé. Je veux montrer et prouver aux gens qu’on peut faire du sport avec cette maladie et que la mobilité est indispensable à cette pathologie. On n’est pas obligés de faire 3.000 km, mais marcher déjà.
Même si « la fatigue sur un tel défi était bien là et que le manque de sommeil dû à ma pathologie a fait que la récupération chaque jour était compliquée ».
Isabelle Barnérias