L'association Aline et les Argenteurs remet en lumière l'œuvre de la photographe bourbonnaise Aline Héraudet

L’association Aline et les Argenteurs porte un nom digne d’un conte. Elle veille d’ailleurs sur un trésor : le fonds photographique d’Aline Héraudet (1936-2003).

Patrick Richard, le président de l’association, l’a découvert en visitant le laboratoire d’Aline au-dessus de la boutique qu’elle tenait à Ainay-le-Château (Allier), au nord de Montluçon. Plus précisément à l’angle des rues Grande et de l’Horloge, avec son héritière Madeleine Soulat, en 2018.

Quinze ans après la mort d’Aline Héraudet, tout était encore en place. Lui-même photographe, Patrick Richard a vite eu conscience de la richesse de cette œuvre.

"Il y en avait partout. Ses premiers travaux étaient dans la poussière, en vrac. On n’a pas réussi à comptabiliser tous les négatifs que nous avons. Il doit y avoir 10.000 photos."

Pour préserver ce fonds, Madeleine Soulat le confie, avec les clés de l’ancienne boutique, à Patrick Richard et Nathalie Pasquier. Les deux amis fondent alors, en juillet 2020, Aline et les Argenteurs.

Née le 14 septembre 1936, Aline Héraudet était la seule photographe d’Ainay-le-Château, des années 60 aux années 90.

"Les habitants d’Ainay la surnommaient Miss Pellicule, car elle avait toujours son appareil avec elle."

Portraits d’habitants, fêtes de village, courses cyclistes, paysages de la forêt de Tronçais à toutes les saisons, scènes de chasse à courre... Rien n’échappe à l’œil averti d’Aline Héraudet. Son père Louis, plombier mais passionné de photographie, lui a offert son premier appareil quand elle n’avait que 12 ans.

En 1954, à tout juste 18 ans, Aline se fait remarquer en photographiant l’abattage du chêne Apollon. La jeune femme décide alors de faire un tour de France pour se former auprès de différents professionnels.

Bien qu’elle soit revenue vivre à Ainay-le-Château, Aline Héraudet n’a pas limité sa carrière aux frontières de sa commune. Elle a eu une vie sociale et culturelle riche. Photographe de plateau, quand la télévision ou le cinéma se déplacent en pays de Tronçais, cette femme indépendante n’hésite pas à monter à Paris pour faire des portraits d’artistes.

"Elle avait des cahiers dans lesquels elle notait son travail, les détails techniques de ses photos. Dans la marge, on trouve des annotations plus personnelles. Elle connaissait Peter Brook, Alice Sapritch… Elle se rendait à Paris mais on voit dans ses lettres qu’elle avait besoin de retrouver “sa forêt”, comme elle appelait la forêt de Tronçais. Elle avait d’ailleurs vendu des photos de la forêt de Tronçais au Figaro."

Ses œuvres plus abstraites, comme ses monochromes de couleur, prouvent aussi sa constante curiosité pour la technique et l’art. "Pour faire ce genre de photos, elle connaissait forcément le travail d’Andy Warhol", avance Nathalie Pasquier.

En plus des photographies d’Aline Héraudet, l’association Aline et les Argenteurs fait redécouvrir le travail de son père Louis, mais aussi d’autres photographes, comme Gabriel Chalmet, de Cérilly. Depuis sa création, elle reçoit des dons de familles ou de brocanteurs.

Au travers de ces photos, l’association vise à préserver une œuvre artistique mais aussi un patrimoine local.

"Louis Héraudet photographiait des gens qui ne connaissaient pas le portrait posé. Il les prenait en extérieur, en pied, dans leur quotidien, sans aucun artifice. Lorsqu’une photo est prise, on est dans l’objet du quotidien. Avec le temps, elle devient un document historique."

- Visites. L’association Aline et les Argenteurs accueille les visiteurs, au 12 rue de l'Horloge à Ainay-le-Château, les jeudi, vendredi et samedi de 15 heures à 18 heures, et le mardi 10 heures à midi.- Expos. Tout au long de l’année, l'association organise des expositions et des ateliers pour faire découvrir les techniques photographiques aux enfants et aux adultes. Renseignements au 06.80.88.57.69, sur Facebook et Instagram.

Florence Farina