On l'avait longuement rencontrée en juillet avant que Paris ne devienne une fête chaleureuse, colorée, bruyante - inoubliable en somme - et alors que la France et les Français ne s'étaient pas encore enflammés pour ces Jeux, Léane Morceau, 21 ans, la jouait timide : « En 2028, aux Jeux de Los Angeles, je serai au top de ma forme, la médaille sera obligatoire ». Elle n'annonçait pas de podium sur 100 m dos, sa spécialité, pour Paris 2024, du moins pas clairement, tandis que son entraîneur au CAPO Limoges, Benoit Monpion, n'avait pas peur d'afficher ses ambitions : « La médaille de bronze voire d'argent sont jouables ».
Finalement, Léane Morceau a quitté le bassin de la Paris La Défense Arena, ce samedi après-midi, sans breloque, passablement déçue et frustrée. Elle a nagé en 1'12"86, d'une course remportée par la grande favorite brésilienne Maria Carolina Gomes Santiago (1'08"23) tandis que le podium s'est joué en 1'11'33" (l'Espagnole Maria Degaldo Nadal, troisième). « Je suis déçue, ce n'est pas la place que j'étais venue chercher », déclara-t-elle quelques minutes après sa finale.
Sixième lors du premier 50 mCette finale, la Limougeaude d'adoption l'a disputée au couloir 1, dans la ligne la plus proche du public de la Paris La Défense Arena, tout aussi motivé et chauvin que pour les Jeux olympiques, après avoir réalisé le 7e temps (sur 8) des séries ce samedi matin (1'15"04). « Le temps n'est vraiment pas terrible mais l'objectif était de se qualifier pour la finale : il est atteint, déclarait-elle après sa course. Maintenant, j'ai le podium en tête et il va falloir aller le chercher. »
Elle n'y est pas parvenue en raison notamment d'un premier 50 mètres qu'elle boucla en sixième position : « Je passe en 35", ce n'est pas assez rapide. J'attends de voir l'analyse de course ». Si elle a remonté plusieurs adversaires, elle est partie de trop loin pour atteindre son objectif de podium, échouant au quatrième rang en 1'12"85, le troisième meilleur temps de sa carrière. « J'ai donné le maximum de moi-même, cela n'a pas suffi, soufflait-elle. L'objectif était de battre mon record (1'12"07) pour obtenir une médaille ».
C'est à Limoges que tout s'est joué pour elleNée à Poitiers, Léane Morceau a été victime d'une baisse subite de la vue (neuropathie optique de Leber) à huit ans. Elle n'a découvert le milieu handisport que huit ans plus tard. Et elle s'est réellement consacrée au haut niveau en débarquant à Limoges, pour ses études de kiné, en septembre 2021.
Quatrième des championnats du monde de 100 m dos en 2022 et 2023, elle a haussé le ton en 2024 : première médaille internationale lors des championnats d'Europe, en mai au Portugal (3e du 100 m dos), puis en signant les minima A (Top 4 mondial), en juin, lors des World Series à L'Aquapolis à Limoges. C'est dans cette piscine, à deux pas de son appartement, qu'elle a effectué l'essentiel de sa préparation paralympique.
Une préparation qu'elle conclut par une 4e place pour ses premiers Jeux et, à chaud, cela ne suffisait pas à son bonheur. « C'est très frustrant, il y a de la tristesse, analysait Julien Moulin, son entraîneur en équipe de France. Il a manqué des choses sur cette finale. Après, de manière objective, Léane avait nagé deux fois 1'12" dans sa carrière. Elle l'a refait en finale des Jeux, en allant une seconde et demie plus vite que lors de son podium aux championnats d'Europe. C'est une performance à relever et à garder en tête ».
Trois autres chances de médailles pour le LimousinAprès cette première tentative de podium pour le Limousin, il reste désormais trois autres chances de médailles pour la région la semaine prochaine avec Mathieu Bosredon (para-cyclisme), Elie de Carvalho et Mickaël Guichard (para-cyclisme) et Cyril Jonard (judo).
A Paris, Kevin Cao Kevin.cao@centrefrance.com