Il y a eu un peu de tout vendredi soir, pour la première journée de Pro D2 de la saison. De la tension. Du suspense. Des essais. Les gesticulations d’Alexandre Ruiz en dehors de sa zone sur le bord du terrain, des fulgurances angoumoisines, des réponses cantaliennes, et puis du déchet et en fin de compte un gros coup sur le casque auvergnat.
Ces retrouvailles avec la Pro D2 que le Stade voulait réussies ont accouché d’un revers qui fait mal au crâne ce matin. Mal au crâne comme cet essai avant la mi-temps qui a placé Angoulême devant à la pause (13-17). Mal au crâne comme cette dernière réalisation charentaise venue d’un coup de chausson parfait de Botica par dessus la défense pour envoyer son 2e ligne Lemardelet dans un rush qui aboutissait au dernier essai du match et œuvre de Mau (24-31). Il faisait basculer Aurillac d’un nul qui sauvait les meubles à une défaite à zéro point avec bonus offensif en prime pour le SAXV.
Une défense cantalienne naïve en première périodeComment Aurillac a-t-il pu en arriver là ? Lui qui avait plutôt bien attaqué son match, ouvrait même le score par Abzhandadze sur pénalité (5e) et pouvait voir que Botica n’était pas dans un jour immense face aux perches. Qu’a-t-il manqué ? De la concentration, sûrement. De l’agressivité collective pour empêcher Angoulême de lancer son jeu, aussi.
Le SAXV est le premier leader de la saison avec ce succès à 5 points. Photo Jérémie Fulleringer
Parce que deux fois en quatre minutes les visiteurs allaient planter un essai sur un schéma qui voyait sa paire de centres partir plein fer dans l’axe avec un champ assez incroyable pour mettre de la vitesse et marquer par Zamora d’abord et Gratien ensuite (6-10, 15e).
La bonne mêlée cantalienne allait offrir de recoller grâce à un essai de Seunes après un lancement au large à la suite d’une énième opposition des packs (13-12, 23e). Ce retour à meilleure fortune aurait pu être accentué si d’aventure le Stade avait profité de sa supériorité numérique après un jaune pour Zouhair.
Mais, jamais les Cantaliens ne donnaient l’impression d’être un de plus. Ils bouclaient ces dix minutes sans marquer le moindre pion et finissaient par en encaisser cinq de plus avant la pause pour le doublé de Gratien, et perdant même Masterson sur jaune au passage.
C’était le pire des scénarios, en somme. Et même si Aurillac tenait le choc à un de moins, il se mettait en difficulté avec un second jaune difficilement compréhensible, quand M. Coulon écartait l’arrière Seunes pour un en-avant volontaire… sur une passe elle-même en avant de deux mètres de la part d’Angoulême.
Efficace dans l'exercice des tirs au but, Abzhandadze a parfois été gourmand sur son jeu au pied, absusant de transversales ou de passes précoces qui ont rendu le ballon. Photo Jérémie Fulleringer
Aurillac manque de tuer le match au meilleur momentMalgré ça, c’est bien le Stade qui repassait devant, grâce à un essai signé Loughnane sur maul (18-17, 54e). On était rentré dans ce qui était sûrement la meilleure période du Stade. Celle où il avait des intentions mais était un peu brouillon. Celle où il avait des ballons mais ne concrétisait pas avec un jeu au pied pas toujours bien senti. Et puis surtout avec un très gros excès de gourmandise de la part de Papunashvili qui avait fait le plus dur en s’infiltrant dans la défense et avec du soutien extérieur à cinq mètres de la ligne mais qui optait pour un retour intérieur qui lui valait de se faire… arracher le ballon par un défenseur d’abord battu.
Plutôt que de tuer le match, Aurillac offrait à Angoulême de se sentir toujours dans les clous. Abzhandadze donnait bien 7 points d’avance sur une pénalité à un quart d’heure de la fin (24-17, 67e), ça n’allait pas suffire. Gratien, l’un des grands bonshommes du soir côté charentais, allait planter son triplé à 10 minutes de la fin pour égaliser à 24-24.
L'entrée d'Alanai a coïncidé avec une bonne période cantalienne avec plus de dynamisme mais Aurillac n'est pas parvenu à valider ça. Photo Jérémie Fulleringer
Il y avait alors du K.-O dans l’air et c’est le Stade qui allait en prendre plein les chicots quand Botica faisait péter la défense encore naïve d’Aurillac sur son joli par-dessus. L’essai de Mau avait éteint les espoirs aurillacois de s’imposer pour leur première à domicile. Les cinq minutes restantes n’allaient pas permettre de sauver les meubles. Imprécis, brouillon, un peu sonné aussi, Aurillac démarrait sa saison sur un raté.
Un gros défi vendredi à ColomiersToute la saison dernière, Aurillac a pu s’appuyer sur sa solidité à domicile pour compenser sa relative indigence à l’extérieur. Il va désormais lui falloir montrer dès la deuxième journée qu’il peut aussi s’exporter quand tout ne va pas parfaitement à la maison.
On ne parlera pas là forcément de s’imposer. C’est présomptueux. Mais si le Stade a un visage autrement plus conquérant à Colomiers (qui s’est imposé à Mont-de-Marsan), alors on pourra plaider un simple problème de retard à l’allumage, vendredi soir, contre Angoulême.
Jean-Paul Cohade
Aurillac 24 - Angoulême 31
AURILLAC (Stade Jean-Alric). Mi-temps 12-17. Temps beau et chaud. Pelouse moyenne. Arbitre : M. Coulon. Spectateurs : 2.200 environ. Les points. Aurillac : 2 essais de Seunes (24e), Loughnane (55e) ; 3 pénalités (5e, 13e, 62e, 67e) et 1 transformation (25e) d’Abzhandadze. Angoulême : 5 essais de Zamora (11e), Gratien (15e, 40e, 70e), Mau (75e) ; 2 transformations de Botica (16e), Bau (70e, 75e). Cartons jaunes. Aurillac : Masterson (40e), Seunes (46e) ; Angoulême : Zouair (29e) . Remplacements temporaires. Angoulême : Devisme pour Masivaka (30e-40e) . Aurillac. Seunes ; Papunashvili, Martin, Manuofetoa, Yabaki (OUdard 56e) ; (o) Abzhandadze, (m) Delarue (Alania 46e) ; Tison (cap.) (Huurman 72e), Huurman (De Jong 51e), Masterson (Nonkontwana 67e) ; Nonkontwana (Slamani 46e), Rolland (Bloemen 68e) ; Kartvelishvili (Welsch 67e), Nioradze (Loughnane 46e), Rodgers (Mchelidze 46e). Angoulême. Brosset (Proult 67e) ; Gratien, Mau, Tilsley, (Brosset 74e) May ; (o) B. Botica (cap.), (m) Zamora (Bau 50e) ; Masibaka (Nollet 65e), Sentubery, Texier (Lemardelet 69e) ; Lemardelet (Morand 56e), Kiwanga (Dalton 56e) ; Boutemmani (Dahir 50e), Barka (Matu’u 50e), Zouhair (Devisme 50e).