La fièvre catarrhale ovine ou maladie de la langue bleue ne cesse de gagner du terrain sur le sol français et comme il fallait s’y attendre, le Puy-de-Dôme n’est pas épargné. Le président de la Chambre d’agriculture David Chauve dresse un premier bilan de la situation sanitaire.
Dans quelle mesure le département est-il impacté par la fièvre catarrhale ovine ?
"On remarque une grosse montée en puissance depuis une semaine. Nous étions un peu épargnés mais la circulation virale est importante depuis plusieurs jours.Les pertes sont assez fortes en production ovine, avec un taux de mortalité qui est en train de grimper. Je dirais que 20 % du cheptel est décimé.Pour les bovins, on ne note pas de mortalité dans ces proportions."
Des secteurs sont-ils touchés en particulier ?
"Au départ, cela concernait plutôt la partie ouest du Puy-de-Dôme. Mais depuis le début de la semaine, les cas se multiplient sur la partie est. Les chiffres sont très variables. Plus il y a d’élevages sur un territoire et plus les statistiques sont fortes."
Comment faire face à cette vague ?
"Il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire. On peut envisager de la désinsectisation pour lutter contre les moucherons…
Concernant la vaccination, ce n’est pas quand la maladie est là qu’il faut la réaliser. Dans le cas du Puy-de-Dôme, nous n’avions pas été frappés l’an dernier donc les éleveurs n’avaient pas forcément vacciné. D’autant que certains sont réticents parce qu’ils estiment que ce n’est pas forcément efficace ou parce qu’ils craignent des effets secondaires, notamment en termes de reproduction."
Ce qui rend la situation complexe, c’est qu’il y a le sérotype 8, que nous connaissions, mais aussi le sérotype 3 qui s’est développé et qui arrive du Nord. Sans parler de la MHE (Maladie hémorragique épizootique, NDLR) qui vient du Sud-Ouest. Il devient compliqué de savoir quelle est la bonne stratégie !
Faut-il se montrer inquiet pour le Sommet de l’élevage, prévu début octobre à la Grande Halle d’Auvergne ?
"Aujourd’hui, il y a des comices agricoles qui se tiennent, en soumettant les animaux à des prises de sang obligatoires. Pour le Sommet, c’est différent. Les bêtes viennent de zones différentes et il faut que l’on aligne les protocoles entre les régions. Mais - ce n’est que mon avis -, vu la situation de la filière ovine et le moral des troupes, je ne serais pas étonné que les éleveurs n’aient pas la tête à amener des ovins au Sommet de l’élevage."
De nouvelles mesures nationales
Lors d'un déplacement en Saône-et-Loire, vendredi 30 août, le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a annoncé de nouvelles mesures pour accompagner les éleveurs et lutter contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE).
La zone de vaccination volontaire prise en charge par l’Etat est étendue aux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire, ainsi qu’aux départements de l’Ille-et-Vilaine, des Deux-Sèvres, de la Vienne, de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze.
Pour pourvoir à l’élargissement de cette zone de vaccination, l’État va donc commander 5,3 millions de doses complémentaires, pour un montant de 14 millions d’euros, en complément des 6,4 millions de doses déjà commandées dès le début du mois de juillet. Dans ces régions, les éleveurs de bovins et ovins pourront y disposer de doses de vaccins gratuitement dès la première quinzaine du mois de septembre.
Photo d'illustration Richard Brunel.Le ministre de l’agriculture a encouragé tous les éleveurs à tester leurs animaux en cas de suspicion de FCO (sérotype 3, sérotype 8…), les tests comme la visite vétérinaire étant entièrement couverts par l’Etat sur toute la métropole.
Concernant la MHE, le ministre a également annoncé le lancement par l’État d’un dispositif de vaccination volontaire avec la commande de deux millions de doses de vaccin, permettant de protéger un million de bovins. Ces doses seront mises gratuitement à disposition des éleveurs de bovins français selon une stratégie vaccinale qui sera élaborée rapidement en concertation avec les filières. Dans un contexte de tension autour de la disponibilité du vaccin, l’objectif est de garantir un volume de doses permettant de démarrer la vaccination dans les meilleurs délais.
Face à la propagation de la MHE et de la FCO, le ministre a par ailleurs indiqué que des travaux seront conduits avec le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE), autour des possibilités de poursuite de programmes d’indemnisation des éleveurs d’ovins et bovins touchés par ces maladies.
Propos recueillis par Thierry Senzier