Ce sera « le vaisseau amiral » de l’Université Clermont Auvergne, ambitionne son président Mathias Bernard. Le cœur battant de l’UCA dans le centre-ville de Clermont-Ferrand. Lundi, après deux ans de travaux, le « learning centre » de l’UCA, baptisé Le Kap, ouvrira ses portes aux étudiants pour la rentrée universitaire.
Pour l’heure, ses 600 places de lecture et de travail restent inoccupées, tout comme son amphithéâtre d’une centaine de places, et ses 50.000 ouvrages en libre accès patientent sur les étagères (et 500.000 dans les réserves). Mais le site va vite se transformer en fourmilière : 3.500 étudiants et chercheurs y sont attendus chaque jour, en plus de la centaine de personnes qui y travaillent.
22 millions d’euros investisCe « vaisseau amiral », dont la construction aura coûté 22 millions d’euros, n’est plus seulement une bibliothèque universitaire, comme pouvait l’être la BU de Lafayette, fréquentée par des générations d’étudiants. Avec son « learning centre », l’UCA passe clairement un cap. Ce Kap propose dix fois plus d’ouvrages en accès libre, à des horaires élargis (du lundi au samedi de 8 à 22 heures?!).
Mais, surtout, ce n’est plus seulement un centre de ressources : il doit aussi participer à la vie universitaire à travers des conférences dans un amphithéâtre?; encourager la production de contenus et l’innovation pédagogique au sein du son pôle Ingénierie pédagogique et production audiovisuelle (IPPA), équipé d’un studio d’enregistrement?; ou encore accompagner, à travers La Fabrique, les étudiants dans leur orientation et insertion professionnelle.
« C’est à la fois une bibliothèque dans le sens classique du terme et une façon d’accompagner autrement les étudiants, les enseignants et les chercheurs, décrypte Fabrice Boyer, directeur de la bibliothèque universitaire du Kap. Ça reste un lieu de travail, où les étudiants trouveront le silence et la concentration, mais il y a désormais des espaces différenciés. »
Montluçon avant AurillacDans une ambiance épurée, brute et industrielle avec ses grandes poutres en béton apparentes, le site, qui occupe en partie l’ancien laboratoire Magma et Volcans de la rue Kessler, se décompose sur trois étages et 8.000 m². Étudiants et chercheurs disposent de 600 places de travail sur les traditionnelles grandes tables placées entre les étagères de livres (histoire et géographie au rez-de-chaussée, littérature, langues, psycho, sociologie et philo au premier étage), mais aussi de 24 salles de travail en groupe, d’un espace de restauration, d’un jardin…
Et si le Kap est clermontois, il doit aussi irriguer toute la région. « C’est une tête de réseau », appuie Mathias Bernard. À échelle réduite, le concept sera ainsi décliné dans les autres villes étudiantes auvergnates : Montluçon dès cette rentrée (2 millions d’euros ont été investis) avant Le Puy-en-Velay et Aurillac en 2025.
Le Kap : pourquoi?? Le nom choisi pour le learning centre illustre « notre objectif : accompagner les étudiants dans la bonne direction, explique le président de l’UCA Mathias Bernard. Le K est aussi un lien avec la rue Kessler. » Quant à l’anglicisme, il s’inscrit dans la politique d’ouverture à l’international de l’UCA : « Le learning centre est une dénomination que l’on retrouve dans d’autres pays, et il en existe une quinzaine en France. C’est un marqueur de grande université métropolitaine. »
Quoi de neuf à l'UCA en cette rentrée ?
Quelque 35.000 étudiants vont faire leur rentrée cette année à l’Université Clermont Auvergne, dont la moitié dès la semaine du 2 septembre. Un chiffre stable par rapport à l’an passé, même si l’effectif avait grimpé à 38.000 en 2021. Dans le détail, ils seront environ 31.000 à Clermont-Ferrand, 800 à Montluçon, 600 à Aurillac, 600 au Puy-en-Velay et 400 à Moulins.
L’UCA, c’est aussi 1.800 enseignants, 1.700 personnels et 250 formations, dont quelques nouveautés : un parcours professionnalisant en licence de droit pour former des assistants juridiques, une double licence philosophie/sociologie, une troisième année de parcours préparatoire au professorat des écoles à Moulins, une deuxième année de master en microbiologie industrielle à Aurillac…
Labellisée "Université européenne"À noter aussi que l’UCA a décroché au début de l’été le label « Université européenne », au sein d’une alliance, « Artémis », qui regroupe huit universités européennes. « L’objectif est de travailler de façon privilégiée, au sein de cette alliance, sur la recherche et les programmes de mobilité des étudiants et du personnel », explique Mathias Bernard, président de l’UCA.
Cette labellisation intervient dans le cadre de la politique d’ouverture à l’international engagée par l’université clermontoise ces dernières années.
« Le but n’est pas seulement d’être une université de proximité, on souhaite aussi construire une université de taille internationale. Ce label nous permet de nous inscrire dans un réseau visible à l’échelle européenne et notre objectif est d’aller plus loin dans la mobilité des étudiants auvergnats, qui restent finalement assez peu nombreux à faire cette démarche. »
Environ 1.000 étudiants de l’UCA partent à l’étranger chaque année, alors que près de 4.000 étrangers sont accueillis.
Arthur Cesbron Photos Fred Marquet