Alors que la Fédération départementale des syndicats d'exploitation agricole (FDSEA) du Cantal tirait la sonnette d'alarme sur la situation sanitaire lundi 26 août dans un communiqué, la préfecture a annoncé, vendredi 30 août, qu'une troisième exploitation cantalienne pourrait être touchée par la fièvre charbonneuse, à Trizac. Cette maladie affecte principalement les herbivores et se manifeste chez les animaux sous la forme notamment d’une forte fièvre, avec des symptômes généraux, circulatoires, hémorragiques, digestifs et urinaires, et évolue rapidement vers la mort.
"Depuis le 27 août, suite à la découverte de trois cadavres sur de nouvelles parcelles d’estive (commune de Trizac), un troisième foyer est suspecté. Les analyses sont en cours, précise la préfecture qui ont conduit les services de l'Etat à prendre des mesures sanitaires. Sans attendre la confirmation de la maladie par le laboratoire national de référence, l’élevage concerné est mis sous surveillance avec interdiction de sortie des animaux de l’exploitation et des pâturages où ils se trouvent." Plus tôt dans l'été, deux foyers ont été confirmés sur les communes de Collandres en juillet et de Trizac, le 13 août.
" Il y a une résurgence de la fièvre charbonneuse tous les étés mais jamais au même endroit, explique Joël Piganiol, président de la FDSEA. La maladie restera isolée, elle s'attrape par la terre. Il n'y a pas de contamination d'animal à animal. En revanche, elle laisse les éleveurs désemparés car il n'y a pas de traitement curatif."
Suspicions - Les éleveurs suspectant un cas de la maladie sont invités à contacter leur vétérinaire sanitaire dans les meilleurs délais et les services de la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations au 04.63.27.31.80.
Selon la préfecture, "seules les personnes ayant manipulé les cadavres d’animaux morts de la maladie peuvent présenter un risque d’avoir été contaminées. En lien avec l’Agence régionale de santé, elles ont toutes été identifiées et orientées vers leur médecin traitant afin de pouvoir bénéficier si besoin d’un traitement antibiotique préventif. Les cas de contaminations d’animal à homme restent rares et consécutifs à des contacts directs ou à l’ingestion de viande contaminée".
Le Cantal dans la zone régulée du FCO-3Au-delà de cette fièvre charbonneuse, qui devrait rester cantonnée à quelques exploitations, la fièvre catarrhale ovine inquiète. Depuis jeudi 29 août et la détection d'un cas en Saône-et-Loire, 27 communes du nord du Cantal ont été inclus dans la zone régulée mise en place par le ministère de l'Agriculture concernant la FCO-3, une maladie qui sévit surtout dans le nord de la France depuis le début du mois d'août."Il n'y a pas d'animaux malades, mais une partie du département est entrée dans la zone réglementée, résume Joël Piganiol. Cette zone impose des obligations sur les déplacements des animaux. Il n'y aura pas de rupture de flux comme on a pu connaître car un protocole permet de maintenir le commerce, mais les éleveurs ont l'obligation de réaliser des tests PCR avant d'exporter leurs animaux." Le fait de rentrer dans cette zone rajoute des contraintes et des frais supplémentaires, notamment de vétérinaire, pour les éleveurs.
Le FCO-8 circuleD'autant que le sérotype 8 de cette fièvre catarrhale (FCO-8) qui a lourdement perturbé l'agriculture cantalienne à l'automne dernier, circule toujours. "Il n'y a jamais eu de rupture dans la circulation, mais il y a une accélération depuis trois à quatre semaines", pose Joël Piganiol qui précise que le sérotype a muté et qu'il est désormais plus impactant chez les bovins et surtout chez les ovins.
Dans son communiqué datant du début de semaine, la FDSEA réclamait quatre mesures : le financement des vaccins par l'État, la commande de vaccins par l'État, la négociation de conditions pour maintenir la circulation des animaux avec les autres pays membre de l'Union européenne et l'indemnisation des pertes.
Mathieu Brosseau