Deux fois. Deux fois, Timothée Adolphe a remporté sa demi-finale du 400 m des Jeux Paralympiques. Mais à chaque fois, il n’a pas pu s’aligner sur la finale. La première, c’était en 2016, à Rio (Brésil). Le guépard blanc, surnom que lui a donné son ancien entraîneur Arthémon Hatungimana en 2013, a été disqualifié malgré sa première. La raison?? Il a mordu sur la ligne de son couloir. Sur ces mêmes Jeux, sur son autre distance de prédilection, le 100 m, il se fracture la glène de l’épaule en sortant des starting-blocks. Malgré cette blessure, combinée à un arrachement des ligaments, il termine son sprint avec le bras désarticulé mais passe à côté de la qualification en finale… à un millième près.
Déjà disqualifié en 2018 à BerlinAux Jeux paralympiques de Tokyo, en 2021, il termine également en tête de sa demi-finale du 400 m. Cette fois, c’est le lien entre lui et son guide, Jeffrey Lami, qui a glissé à 45 cm de la ligne. Or, les deux athlètes doivent être liés au moment de la franchir. Disqualification, donc. Sur cette même olympiade, Timothée Adolphe parvient à se consoler sur le 100 m en remportant l’argent.
Il n’y a pas qu’aux Jeux que le para-sprinteur a connu ce genre de désillusions. En 2018 déjà, lors les championnats d’Europe à Berlin, il franchit la ligne du 200 m en première position. Une heure et demie plus tard, les juges lui retirent son titre pour non-port du dossard dans le dos… « Ça m’a écœuré. Je me suis un peu coupé du monde de l’athlétisme à la suite de ça », explique-t-il.
En 2017, pour les Mondiaux de Londres, il domine encore le 200 m. Cette fois, c’est suite à une incompréhension avec son guide qu’il est éliminé. Yannick Fonsat a franchi la ligne avant Timothée, ce qui est totalement interdit.
Grand espoir de médailleAlors, malgré ses nombreux titres (voir ci-contre), Timothée Adolphe n’est pas rassasié et veut prendre sa revanche. L’athlète, qui réside en Eure-et-Loir du côté d’Épernon, est à la conquête de son premier titre paralympique : « Cette fois, on a imaginé tous les scénarios catastrophes possibles », confiait-il avec le sourire, dimanche. « On a revu ce qui nous était arrivé par le passé pour que cela ne se reproduise pas. »
Et malgré les déceptions et les coups durs, Timothée Adolphe garde toujours ce sourire qui le caractérise : « Il faut positiver et sans cesse apprendre de ses erreurs », ajoute le trentenaire.
Né malvoyant à cause d’un glaucome congénital contracté dès la naissance, il a totalement perdu la vue à l’âge de 19 ans suite à un décollement de la rétine consécutif à un coup de coude involontaire. Avant ça, le guépard blanc avait subi de nombreuses opérations depuis son plus jeune âge.
« Je n’ai jamais été aussi prêt que pour ces Jeux de Paris. C’est la première fois que je suis dans une telle forme physique avant une compétition. »
Alors qu’il avait débuté l’athlétisme à 11 ans à Bois-d'Arcy, dans les Yvelines, retrouver un club après être devenu totalement aveugle n’a pas été simple. Il s’est même éloigné des pistes pendant sept ans, faute de trouver une structure qui l’accepte. Après avoir essayé plusieurs disciplines comme le torball, sport de ballon pratiqué par des malvoyants, il décide de revenir à l’athlétisme. Et en 2011, Arthémon Hatungimana le prend sous son aile. L’ancien athlète médaillé d’argent aux championnats du Monde du 800 m à Göteborg (1995) va façonner Timothée Adolphe.
Et si l’Eurélien a choisi un nouvel entraîneur depuis 2022, c’est pour progresser, toujours : « Je ne serai pas devenu ce que je suis aujourd’hui sans Arthémon. Mais j’avais besoin de nouveautés, d’entraînements plus scientifiques et techniques. » Son choix s’est porté vers Dimitri Demonière : « Je n’ai jamais été aussi prêt que pour ces Jeux de Paris. C’est la première fois que je suis dans une telle forme physique avant une compétition. »
Il est aujourd’hui un immense espoir de médaille pour la délégation tricolore. Il vise l’or, qu’il n’a jamais décroché aux Jeux paralympiques, et deux records du monde.
Son programme à Paris. Sur 400 m (catégorie T11). Samedi 31 août : séries, prévues à partir de 12?h?24. Éventuelle demi-finale, prévue à partir de 19?h?42. Dimanche 1er septembre : éventuelle finale, prévue à 20?h?53. Sur 100 m (catégorie T11). Mercredi 4 septembre : séries, prévue à partir de 10?h?12. Éventuelle demi-finale, prévue à partir de 21?h?09. Jeudi 5 septembre : éventuelle finale, prévue à 19?h?08.
Nathan Sportiello