«Ça sent les travaux ! » Cette riveraine de la rue des Frères-Géraud, raconte la réaction de sa petite-fille lorsque les effluves de la pollution de la friche Engie, située juste en dessous, parviennent jusqu’à son domicile. « Elle a repéré cette odeur caractéristique. » Depuis plusieurs mois, les habitants autour du cours d’Angoulême se plaignent d’odeurs émanant du terrain de l’ancienne usine à gaz dont la dépollution a commencé en octobre 2023. Et après le désamiantage des bâtiments, le terrassement a remué des sols gorgés de polluants.
« Les études en amont du chantier ont montré la présence d’hydrocarbures et de cyanure. Ce sont les hydrocarbures que sentent les résidents », explique Delphine Renard, chargée de la maîtrise d’œuvre. Elle affirme que les contrôles de la qualité de l’air démontrent des taux inférieurs aux seuils de risque.Des brumisateurs ont été installés autour du chantier pour réduire les odeurs.Des brumisateurs ont été installés autour du site, avec un « neutralisant d’odeur », ainsi que des filtrations au fond des fouilles pour capter les odeurs directement. Malgré cela, les habitants se méfient.
« J’ai passé l’été fenêtres fermées. Comme j’ai deux enfants en bas âge, je leur interdisais le jardin, et je les emmenais au skatepark en voiture, ou à la piscine »
Des bidons de THT ont provoqué une forte odeur de gazEn dehors des hydrocarbures, il y a quelques mois, les résidents ont reconnu l’odeur du gaz. « On a eu une grosse surprise, raconte Delphine Renard, 6 bidons de 20 litres de tétrahydrothiophène (THT) qui n’avaient pas été repérés en amont. » Le THT, c’est un produit ajouté au gaz inodore pour repérer des fuites. « Les bidons, parfois percés, s’étaient déversés dans le sol. » L’odeur étant forcément inquiétante, les pompiers sont intervenus. Le THT est nocif en cas d’inhalation ou de contact avec la peau. Toutefois, les responsables assurent que son évaporation dans l’air le rend inoffensif.
Les odeurs sont dues au début du terrassement de la partie basse. Ensuite, nous devrions en avoir terminé avec les mailles les plus chargées en hydrocarbures
Les terres polluées sont extraites, acheminées dans une tente de 1.200 m² située au-dessus du parking du foirail dans des camions bâchés, puis analysées. « On vérifie que les concentrations de polluants sont en dessous des seuils fixés par le Dréal (Direction régionale de l’aménagement et du logement). » S’ils sont supérieurs, les matériaux sont emportés en déchetterie, sinon, ils sont remis sur le site.
« On peut dépolluer à 80 % les sols de la friche, pas totalement. » L’état du site après la dépollution peut alors impacter les activités qui seront installées. « Il ne s’agit pas par exemple de mettre une crèche, mais des bâtiments de services. »
Sur le chantier, les ouvriers au contact des sols pollués portent un masque.
Et si les nuisances devraient prendre fin, « on n’est jamais à l’abri d’une nouvelle surprise » ajoutent les responsables. Un fil information a été mis en place pour les résidents. Les travaux, dont le coût total est estimé à 7,2 millions d’euros, devraient prendre fin d’ici à la fin de l’année 2024.
Mona Bru