"Nous devons avoir une obsession, c’est d’être champions de France de Pro D2 et inscrire Brive sur le bouclier de Pro D2."
La phrase prononcée par Thierry Blandinières devant la tribune Europe du Stadium, lors de la présentation officielle de l’équipe il y a une semaine, avait fait réagir. Lors d’un entretien accordé à La Montagne à paraître ce mercredi, le président du CAB a détaillé son propos et dévoilé son plan de bataille pour la saison à venir.
Vous choisissez d’annoncer clairement la couleur avec cet objectif de ramener le bouclier de champion à Brive, c’est une nouvelle stratégie du club ?
Ce n’est pas une stratégie, non, mais plutôt une ambition qu’on doit porter. Une ambition commune. Cela doit même plutôt être une obsession commune d’aller chercher un titre de champion. Quand on monte une entreprise, on met tout en œuvre pour devenir numéro 1 dans son secteur. Je fais ce parallèle avec le rugby. Brive a disputé des finales du championnat de France en 1965, 1972 et 1975, où j’étais présent en tribunes, mais Brive n’a jamais été champion de France depuis 1957 et le titre en deuxième division.
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Jamais le nom de Brive n’a encore été inscrit sur un bouclier et pour être un grand club, il faut avoir un bouclier. Et je dis cela en toute humilité, ce n’est pas de l’arrogance, je connais pertinemment les difficultés de ce championnat.
Est-ce aussi un moyen de mettre la pression aux joueurs et au staff ?
Notre rôle, dirigeants, c’est d’impulser de l’ambition et un cap clair. Si le président ne le fait pas, qui le fera ? Si on commence à dire aux joueurs on vise le barrage ou je ne sais quoi, qu’est-ce que c’est chiant… Non, on s’aligne pour gagner, on ne se cache pas.
Pas question de pression supplémentaire donc, mais plutôt de porter haut, fort et fièrement un projet collectif. Et ce projet, il faut que les joueurs se l’approprient, il faut qu’ils sentent qu’on leur fait entièrement confiance. Le rôle de président est de fédérer et pas de diviser. Pour atteindre des objectifs élevés, il faut qu’on soit tous ensemble sur la même longueur d’onde. Et j’ai le sentiment que cet été, ce travail a été fait tant sur le plan sportif que du côté administratif.
Êtes-vous satisfait de votre effectif ?
On a un effectif incroyable, oui?! Durant l’intersaison, des choix forts ont été opérés. Il a fallu prendre des décisions pour avancer comme notamment celles de financer des ruptures de contrat pour nous permettre de recruter des nouveaux joueurs en suivant. On a un effectif construit pour courir le marathon qu’est la Pro D2 pendant la phase régulière mais aussi un effectif pour courir le sprint de la phase finale. On avait aussi la volonté d’étoffer le staff, d’amener encore plus de compétences individuelles au service du collectif. En comparaison avec d’autres clubs, je trouve qu’on en manquait un peu à Brive.
Brive est-il, déjà, prêt pour le Top 14 ?
La vérité du terrain interviendra bien assez tôt mais ce qui est certain, c’est que notre projet d’ici 2030 d’être installé dans le Top 10 du Top 14 se construit dès maintenant. Si on veut exister au plus haut niveau, il faut déjà poser les premières pierres en étant ambitieux pour éviter de monter à l’arrache et de lutter pour ne pas prendre 40 points tous les week-ends. Tout commence maintenant.
Comme avait su le faire Bayonne, on a déjà apporté l’expérience de joueurs internationaux pour accompagner encore plus notre formation. On doit montrer qu’on est en mouvement. C’est important pour nos supporters évidemment mais aussi pour nos partenaires parce que je suis persuadé que nous n’avons pas besoin de milliardaires pour y parvenir, à l’image de La Rochelle ou Vannes qui ont su fédérer autour d’eux.
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Thierry Blandinières est le directeur général du groupe In Vivo
C’est-à-dire ?
En plus des partenaires locaux et régionaux, le CAB a la chance d’avoir le soutien du Premium Club avec de grands dirigeants français qui s’impliquent financièrement. Sauf que ces derniers ont besoin de constater que les choses bougent à Brive, que le club grandit. On se doit d’être attractif aussi pour eux. À Vannes, ces partenaires nationaux attendaient du club un visage séduisant et nous avions su répondre présent. C’était important parce qu’ils attendent aussi des retours sur leurs investissements.
Ces grands chefs d’entreprise doivent justifier ces investissements dans leur conseil d’administration et dire qu’ils font cela pour Simon Gillham ou Thierry Blandinières, ça ne fonctionne plus. Ils ont besoin d’un projet ambitieux pour bénéficier de retombées. Et si on parvient à décoller, à mettre en place notre projet, peut-être que ces partenaires mettront plus d’argent au club.
Entretien réalisé par Benjamin Pommier et Pascal Goumy