Le 6 juin dernier, il est un peu plus de 22 heures lorsque le prévenu sort de chez lui. "J’ai pris le couteau chez moi, je suis sorti pour planter quelqu’un", déclarera-t-il en garde à vue. "C’est un dossier aussi simple qu’effrayant", constate le président Charles Gouilhers.
Ce soir-là, en plein centre-ville de Riom, il se met à suivre une jeune femme qui vient de faire des courses et s’apprête à rentrer chez elle. L’employée relève la présence du jeune homme de 19 ans et se met à marcher à reculons pour observer son attitude. C’est alors que le prévenu sort le couteau de cuisine à la lame rouillée qu’il a dissimulé dans la manche de sa veste. Il s’approche de la jeune femme et brandit l’arme avant de mimer de la poignarder. La victime se défend à l’aide de son sac de course et évite de justesse l’un des coups qui l’aurait vraisemblablement touchée.
Des "agressions gratuites au couteau" en 2022 et 2023Les cris de la victime alertent une voisine qui sort par sa fenêtre. L’agresseur s’en va, avant de revenir alors que la jeune femme ramasse ses affaires tombées au sol. Mais s’enfuit finalement tandis que l’employée trouve refuge chez la riveraine.
Le prévenu est rapidement interpellé. Et ce n’était pas la première fois. Il a déjà commis des "agressions gratuite au couteau" en 2022 et 2023 mais avait été déclaré pénalement irresponsable et interné en psychiatrie. Cette fois-ci, l’expert ne l’a pas déclaré irresponsable pénal et souligne son "extrême dangerosité". "Il est pleinement responsable car il n’a pas de pathologies qui ont altéré son discernement. Il faut l’écarter de la société", ajoute Laure Moisset au parquet.
"Il a quand même pas mal de détermination. Cette jeune femme a déménagé de Riom, car elle a eu peur et elle a su qu’il avait déjà commis ces faits", fustige maître François-Xavier Dos Santos, pour la victime.
La seule activité du jeune homme, analphabète et inactif, consiste à ramasser de la ferraille avec sa famille. Il est suivi en psychiatrie depuis deux ans par l’hôpital Sainte-Marie et suit un lourd traitement. Il semble très limité intellectuellement. "C’est sûr qu’il ne fera pas polytechnique la semaine prochaine mais il fera peut-être centrale s’il continue à agresser les gens", ironise le conseil de la partie civile. "Il n’est pas pénalement responsable", oppose Me Naïma Hizzir en défense, brandissant une précédente expertise effectuée lorsque son client était mineur.
Sa mère, chez qui il réside, a été contrainte de se débarrasser des couteaux du logement. "Elle en emprunte un quand elle veut faire la cuisine", explique le président.
Naim Reynard écope de trois ans de prison, dont un avec sursis probatoire. Il est maintenu en détention et a interdiction de détenir une arme pendant quinze ans.
Julien Moreau