«Une bonne terre amendée par la cendre du volcan » mérite le respect, dixit le père « Jo » Valentin officiant ce dimanche à Cayres, lors de la finale départementale de labour. Comme le veut la tradition, le prêtre bénissait les machines et surtout les jeunes agriculteurs. La journée sur le Devès (douze ans après la dernière finale à Cayres) commençait par un hommage à Saint-Isidore, patron des laboureurs et se poursuivait l’après-midi dans les parcelles offrant une vue magnifique sur l’église de Cayres.
Avant le début des épreuves de labour et après la messe, il est de coutume de bénir les équipages.?
Plusieurs exploitants avaient accepté de confier leurs terres pour les besoins de la manifestation. C’est le cas d’Éric Sigaud, Didier Pelisse, Jérémy Chaussinand, Denis Polge ou encore Jean-Luc Jouve. Les moissons se sont achevées in extremis pour permettre la préparation de la finale, tout au long de la semaine dernière. La mairie de Cayres était ravie d’offrir au monde agricole une belle vitrine de la commune. La finale de labour était couplée à un concours départemental de chevaux lourds.La « bonne terre » n’en est pas moins réputée pour être malaisée à travailler, « peu glissante » selon le spécialiste de l’exercice, le toujours très volontaire Clément Vaille, un des « locaux de l’étape ». Ce dernier, avait décidé de remettre l’ouvrage sur le métier : il avait l’an dernier, on s’en souvient, défendu les couleurs altiligériennes à la finale nationale de Cambrai dans le Nord. « Cette année, les moissons ont été tardives, je n’ai guère eu le temps de m’entraîner », concédait le jeune laboureur. On verra un peu plus tard dans l’après-midi qu’il n’avait rien perdu pourtant de sa dextérité. Les prestations de Mathilde Vigouroux, Nathan Leydier et Rémi Pascal, eux aussi représentant le canton, étaient particulièrement suivies.
Le labour, passion et raisonUn petit vade-mecum de la discipline et de ses deux écoles s’impose. Une charrue réversible est utilisée pour le labour à plat. Les parcelles à labourer sont en forme de trapèze et d’une superficie variable selon le type de charrue : bisocs, trisocs, voire quadrisocs. La longueur des sillons est comprise entre 60 et 100 mètres. Le labour en planche se pratique quant à lui au moyen d’une charrue simple. Les parcelles sont de forme rectangulaire. Leur longueur est comprise également entre 60 et 100 mètres.Les participants à un concours de labour doivent être installés, salariés ou étudiants dans le milieu agricole et avoir entre 16 et 35 ans. Les épreuves de sélection commencent à l’échelle cantonale, lors des concours organisés par Jeunes agriculteurs, pour se terminer au niveau national. La 70e édition doit se dérouler du 6 au 8 septembre à Mamirolle, dans le Doubs. Les quatre représentants de la Haute-Loire (deux en planche et deux à plat) devront préalablement en passer ce week-end par les épreuves régionales dans le Puy-de-Dôme.Que retenir de cette finale départementale ? D’abord que l’équipe cantonale des JA, emmenée par leur président, Jérémy Chaussinand, a réussi son pari : la manifestation attendue depuis trois ans était réussie avec 2.500 entrées payantes (aux alentours de 16 heures), 1.100 repas servis le midi. Une participation en revanche un peu moindre que par le passé côté concurrents avec 13 participants dans la catégorie à plat et 7 en planche.Autre enseignement : le labour en agriculture a encore de beaux jours devant lui, à condition d’être pratiqué à bon escient, « sans trop de profondeur » afin de ne pas bouleverser la qualité du sol, selon Xavier Vigouroux, exploitant en bio et premier supporter de sa fille Mathilde, 18 ans, dont c’était la première participation à une finale départementale. Les plans « écophytos » et les parcelles chargées en pierres iraient plutôt dans le sens du laboureur. L’agriculteur doit se garder des a priori « et être agile », autrement dit s’adapter aux cultures et au terrain, selon Damien Garnier de Lissac qui était venu soutenir le jeune Samuel Rolly, compagnon de sa fille.Samuel du canton de Saint-Paulien, est un habitué des podiums. Il est un passionné de vaches laitières. Le voici donc dimanche promu favori à plat. Le jeune concurrent a été à la hauteur, en terminant à la première place du concours. La remise des prix se déroulait en toute fin d’après-midi en présence d’un grand nombre de personnalités.
Philippe Suc
En finale régionale. En labour à plat : Samuel Rolly (Saint-Paulien), 64 points ; Maxime Soullier (Craponne-sur-Arzon). Dans la catégorie en planche : Clément Vaille (Cayres) 76 points, et Mathieu Chaptar (Allègre).
La fièvre pourrait gagner à nouveau les campagnes
La finale de labour marque la rentrée du monde agricole. Devant le préfet, les responsables professionnels ont dressé le bilan de la ferme Haute-Loire, constaté des avancées suite à la crise qui avait enflammé le monde rural, mais se réservent la possibilité de finir de « renverser » la table cet automne.Le président des Jeunes agriculteurs, Julien Duplomb a décrit « une année compliquée » côté récoltes. Certes, il y a eu cet été du volume mais pas toujours de qualité au niveau de l’herbe. L’année syndicale a connu un mois et demi de manifestations ayant permis d’obtenir des avancées au niveau de la PAC et du contrôle administratif unique, mais le président des JA, à l’instar du représentant de la chambre d’Agriculture, Anthony Fayolle, regrette une administration « trop tatillonne ». L’agriculteur de Haute-Loire subit un contrôle tous les deux ans et demi avec souvent à la clé des pénalités. Le responsable syndical pointe par ailleurs des incohérences administratives. Il en veut pour exemple les précipitations abondantes encore ces derniers jours alors que la « vigilance sécheresse » vient d’être déclarée par la préfecture. Plusieurs prises de parole et des engagements en cette rentrée.Sans gouvernement nommé à ce jour, Anthony Fayolle craint que l’administratif ne prenne des initiatives peu favorables à la profession. « On avait en partie renversé la table, il faudra sans doute poursuivre cet automne », estime le représentant de la chambre.L’organisme consulaire tout comme l’État, par la voix du préfet, Yvan Cordier, se déclarent au côté des éleveurs face à la crise de la FCO, fièvre catarrhale ovine, qui menace aussi les élevages en Haute-Loire. Il conviendra d’accompagner les exploitations sans affoler les marchés », déclare Anthony Fayolle.Volet plus positif : celui de l’installation en agriculture qui devrait avoisiner entre 80 et 90 nouveaux installés sur l’année. Pour Julien Duplomb : « On peut s’en satisfaire malgré un nombre supérieur de départs à la retraite ». Les parlementaires, Laurent Duplomb et Jean-Pierre Vigier, appellent de leurs vœux à « davantage de liberté » aux exploitants.Le préfet s’est voulu rassurant sur le soutien de l’État. Certes, il existe des contrôles, « mais c’est, dit-il, pour ne pas porter préjudice à la profession face à des comportements déviants ». La préfecture entend aider la profession à travers deux dossiers : les retenues collinaires et le photovoltaïque, en évitant les zones arables.